Synergie

- « C’est le premier stade des membres de notre groupe.
Chaque cercle représente une avancée dans la connaissance de soi et du monde.
Moi, par exemple, je suis initié du troisième cercle. Je connais les trois révélations faites au Guide.
Et si vous acceptez de participer à l’effort commun, je partagerai avec vous ce savoir.

Mais pour cela, vous devez auparavant nous aider à retrouver des survivants. Vous cherchez bien des gens, non ? Et bien nous aussi !
Si vous vous engagez à nous ramener ceux que vous trouverez, je pourrai même vous faire entrer dans le deuxième cercle…
Alors ? Ca vous intéresse ?
Est-ce que vous vous sentez la force de persévérer, de continuer à chercher, envers et contre tout ? »

Ce qui revenait en fait à entrer dans leur secte. Luka ne pouvait pas se permettre de donner sa confiance totale à des gens comme ça.

- Je ne vous ramenerai aucun survivant par la force. Je leur parlerai de vous et les conduirait ici s'il le faut, mais aucunement je le ferai contre leur gré.

Mais d'un autre coté, Luka devait en apprendre plus sur la Synergie. Et ils ne demandaient pas des masses. Pour l'instant, Luka voulait croire qu'ils étaient la pour aider les survivants, il n'avait aucune preuve du contraire. Et au vu de leur ami qui s'était fait tiré dessus, tant qu'il n'y avait pas plus d'information, ils avaient l'air d'être les gentils. Mais une part de l'inspecteur se disait que quelque chose cloche. Mais tant qu'il ne pouvait pas mettre le doigt dessus, autant rester près d'eux.

- C'est d'accord, je vous suivrai tant qu'il n'y a pas de mystère. Au moindre coup fourré..... et il laissa sa phrase en suspens.

- « Ok, moi aussi, ça marche. »

Elena n’avait pas plus confiance en lui que Luka, mais a priori, rien ne les empêchait d’écouter ce qu’il avait à dire, et de faire ce qu’ils voulaient une fois partis.

En plus, elle trouvait bizarre que le seul à l’avoir envoyé chier ait aussitôt disparu …
Autant faire profil bas pour l’instant.

Elle en passa aussi par la machine, avec un résultat identique à celui de Luka.

‘Merde, une piqûre ! c’est quoi ce truc ?’ – Si elle avait su avant, elle aurait peut-être évité, mais c’était trop tard.

.

Thomas avait deux nouvelles recrues. Bon boulot ! Son prosélytisme avait encore été efficace.

Il avait bien noté les conditions de Luka ; et même s’il aurait préféré une obéissance totale, vu la situation, il ne pouvait pas non plus faire le difficile.

Il les fit mettre à genoux, leur remit un livre et un médaillon, et commença ses prières aux énergies régulatrices du Grand Tout…
Bienvenue dans la Synergie !

Puis il leur confia la première révélation
Thomas parlait comme il raisonnait. Avec sa philosophie élitiste, mêlant religieux et ésotérisme fumeux.


- « Vous vouliez connaître notre but ?
Notre but ultime est de trouver celui qui dirigera le monde de demain.
Et justement, le Guide a vu qu’il s’agit d’un enfant. Notre Messie est encore jeune.

La prophétie annonce : "Il aura le pouvoir de façonner le monde, mais son esprit devra alors être en accord avec ceux qui l’entourent…"

Voilà pourquoi nous le recherchons. Pour éduquer l’enfant. Pour qu’il soit en accord avec le Grand Tout.

Le problème, c’est que nous ne connaissons ni son âge, ni son nom.
Donc nous voulons rassembler les survivants, puisqu’il doit être parmi eux. En particulier ceux qui portent la marque… parce qu’ils pourraient l’avoir transmise à leurs enfants.

D’où la machine - que nous appelons aussi L’Accordeur. Elle détecte non seulement les énergies, mais surtout la marque.
Vous voyez la lumière verte ? …C’est positif. »

Une cérémonie des plus religieuses, Luka s'y attendait. Il était bien obligé de passer par là. Il fallait qu'il en sache le plus possible. Sa survie en dépendrait peut-etre.

Puis vint alors la fameuse révélation qu'ils attendaient.

Une prophétie. Il ne s'attendait pas à cela. La Synergie était à la recherche d'un enfant, un enfant qui façonnera le monde.

Éduquer l'enfant, c'était une autre façon de dire qu'il voulait le manipuler pour leur propre intérêt. Un enfant qui aurait un tel pouvoir, était-ce possible ?

" A quoi on pourrait reconnaitre l'enfant si on ne connait ni son âge, ni son nom ? "

Reparler des enfants raviva la douleur dans le coeur de Luka. Les siens étaient partis. Devait-il croire en un miracle possible ? Où était-ce un mensonge de Thomas pour l'enroler dans la Synergie ? Comment savoir quoi croire en des temps comme ça ?

Pour une révélation, Elle n'avait pas répondu à beaucoup de questions, du moins, pas à celle que Luka se posaient.

-C'est quoi cette marque dont vous n'arretez pas de nous rabachez les oreilles ?

Luka ne croyait pas trop en la machine. Lui même était capable de fabriquer un truc du genre, qui allumerait une petite lumière verte quand on poserait sa main dessus. Enfin, si on croyait Thomas, Luka et Elena avaient été choisis.

- Au fait, c'était quoi cette piqure?
Le doute s'installait dans chaque pensé de Luka. Il ne pouvait plus faire autant confiance à ceux qu'il rencontraient. Les choses avaient changé.

- « Hélas, on ne sait rien de plus de l’enfant, si ce n’est qu’il portera la marque.
La marque, c’est le signe que l’on est un être à part, rare. Selon nous, un signe que l’on est en accord avec l’ordre naturel du Cosmos.

Et comme disent les textes, seuls les élus qui portent au front la marque de Dieu seront épargnés…
C’est votre cas, et c’est le nôtre.

La piqûre, c’était juste pour analyser votre sang. Ensuite, l’Accordeur fait tout le travail ; il vous remet en phase, en synergie avec le monde, et mieux en accord avec vous-même.
Mais je ne sais pas exactement comment ça marche, nous ne les fabriquons pas nous-mêmes ; on les achète. »

Il y avait un petit logo sur le côté de l’appareil.

A mesure que Thomas parlait, Luka repensa soudain à Alice, qu'il avait rencontré la veille. Peut-être était-ce elle, leur fameux guide. Mais Luka ne parla point de cette enfant survivante. Sa confiance dans la synergie ne pesait pas lourd. Rien ne le rassurait sur ce qui arriverait à Alice si l'inspecteur l'amenait à Thomas. Et même si les paroles de Thomas se voulait rassurante, dans l'ombre, ils auraient pu faire bien autre chose. Non, tant que Luka ne serait pas sûr et certain qu'Alice serait en sécurité, il n'en parlerait pas. Wolf veillerais à sa sécurité. Étrangement, Luka lui accordait une certaine confiance.

A la fin de la conversation, l'inspecteur observa avec grande attention le logo sur la machine. Qui pouvait bien créer ces appareil qui répondait au demande bizarre de la synergie....

Il s’agissait de trois petites lettres stylisées : BEL
Luka reconnut le premier groupe pharmaceutique du pays.

Thomas tapota son bureau.

- " J’ai ici une liste, de gens qui ont peut-être survécu. Des personnalités. On va essayer de les récupérer. J’ai déjà envoyé une équipe, mais vous pourriez nous aider demain ?

En attendant, reposez-vous. On va vous donner une chambre sur le campus. D’accord ? »

BEL, eux-même. Ce grand groupe pharmaceutique était un fournisseur de la synergie. Quels autres compagnie pouvaient compter la synergie.

- Bien sûr, faites voir cette liste. Par contre, je ne peux rester, il faut que j'essaie d'atteindre l'Hospital. Je dois essayer de retrouver ma femme avant tout.

L'inspecteur ne ressentait aucune fatigue. Il se sentait la force d'affronter l'extérieur pour retrouver sa douce. Mais quand il la retrouverait, comment lui apprendrait-il la mort de leur enfant ?
Avant de partir, il irait leur dire "à tout à l'heure". Il voulait toujours esperer qu'il pouvait revenir.

- « Euh… Je ne peux pas vous donner la liste ; elle contient des informations à ne pas divulguer.
Mais je peux vous dire qu’il pourrait y avoir un survivant au stade, un au théâtre et… une à l’hôpital. Alors si vous y allez… je compte sur vous. »


Thomas les raccompagna jusqu’à la porte et leur donna l’accolade.

- « En tout cas, maintenant vous pouvez être rassuré, avoir plus confiance en vous. Vous avez derrière vous toute la force du groupe, le sentiment de participer à un plus grand bien.

Et n’oubliez pas que si nous trouvons l’enfant, ce monde de folie prendra enfin un sens – et que votre famille pourrait bien faire partie des élus… »

Tout ces secrets autour de la liste des survivants, qu'est-ce que cela pouvait cacher.
- Pas de nom, mais comment vous savez qu'il y a des survivants?

Puis Luka jeta un coup d'oeil à Elena.

- Moi j'y vais... puis il attenda sa réponse.

L'inspecteur se retourna, mit son sac contenant ses armes sur l'épaule et se dirigea vers la porte.

Dans l'embrasure de la porte, Luka regarda Thomas :
- Je vais à l'hospital. Il y a quelque chose que je devrais savoir avant d'y aller?

- « A vrai dire… j’ai les noms, mais… C’est une information non confirmée, que le Guide tient d’une amie très chère.
Elle prétend que ce sont aussi des élus. Mais ils ne font pas encore partie de la Synergie, quoique certains feraient de très bonnes recrues.

Nous voudrions déjà vérifier qu’ils sont en vie ; nous n’en sommes pas certains pour l’instant. »

Ils sortirent du bureau et Thomas ferma à clef derrière lui. Il en avait tout un trousseau.

- « Vous devez savoir qu’il y a comme un nuage brûlant sur le centre-ville ?
Vous devez trouver un moyen de passer ou de le contourner.
Parce que… j’ai vu fondre un véhicule là-dedans ! Alors soyez prudent. »

- Très bien, qui est la survivante de l'Hospital alors? Ou bien c'est encore une information top secret. Dit Luka sur un ton assez sarcastique.

L'inspecteur regarda en direction du centre ville, là où devait se trouver l'Hospital Misericorde, là où travaillait sa femme. Il n'était pas loin du centre ville, et déja, on pouvait sentir la chaleur qui provenait de là-bas. On se serait cru en pleine après-midi sur une plage du Sud. Des souvenirs du nuage lui revinrent en mémoire. Ils s'en était un peu approché en venant à l'agora. Mais comment faire pour entrer là dedans.

Foncer dedans ne serait pas une idée intelligente, surtout si Thomas y avait vraiment vu fondre un véhicule. Lui, ne ferait pas long feu. Il plongea une main pour vérifier ce que son sac contenait. Il chercha son masque à gas ainsi que les armes qu'il avait pris dans la réserve du commissariat. Mais tout cela, sans le montrer à Thomas.

Puis Luka se souvient totu à coup. Une des deux lignes de métro passait par l'Agora et se finissait à l'hopital. Si le nuage empechait les gens d'entrer dans le centre-ville, peut-etre pourrait-il passer par dessous.

- Vous savez où se trouve la station de métro la plus proche?

- « Hum… »

Il hésita

- « Bien. Il s’agit de Jess Hathor. La chanteuse. Vous devez la connaître… Elle était hospitalisée, quand c’est arrivé.
Pour être franc, je doute que quelqu’un ait pu survivre là-bas, mais on ne sait jamais. Il faut garder la foi, n’est-ce pas ? »

Thomas Cruz lui indiqua une direction du doigt, vers le sud. Ils étaient au beau milieu de l’Agora.

- « Oui, bien sûr. Il y a une station juste à la sortie de l’Agora, par là.
Elle va droit vers l’hôpital ; ça tombe bien. Vous réussirez peut-être à passer. »

Elena avait acquiescé à la demande de Luka, pas fâchée de prendre un peu l’air de ces mystiques exaltés.

- « Ok, on y va. Juste une dernière chose avant de partir : quand on vous l'a demandé, vous ne nous avez pas dit qui sont les gens qui vous ont tiré dessus ? »

Des questions, toujours des questions…

- « Oh, je ne sais pas exactement, ça pourrait être des terroristes des Centuries.
Ils avaient des armes et des véhicules de police, mais ils portaient plutôt survêts et bandanas, donc…
D’après les hommes, le convoi qui les a attaqué venait du nord, et ils sont entrés dans Hope Town. »


Luka savait que ce quartier pauvre était aussi le fief d’un gang.
Il en avait vu passer plus d’un au commissariat. Et pas mal de ces jeunes croupissaient dans les cellules du Tartare, pour vols qualifiés, agressions aux personnes, et trafic de stupéfiants. - Un beau palmarès.

Rien de bien quoi. Aucune bonne nouvelle ne venait égayer la triste vie de l'inspecteur.

Premier point, le nom de la survivante n'était pas celui de sa femme, mais de la chanteuse Jess Hathor. Cela n'avait pas entamer l'espoir qu'avait Luka de retrouver son épouse. Mais les propos de Thomas ne nourrissait pas son espoir. Rien n'avait pu survivre la bas, des voiture qui fondent qu'il disait. Pas beaucoup d'empathie.

Maintenant, des terroristes qui avait envahi la ville. Luka se disait qu'une ville calme et paisible aurait été plutôt triste et sans intérêt. Avoir peur de voir la mort à chaque coin de rue est beaucoup plus sympa. Surtout qu'en des temps pareilles, la violence devait s'être répandu partout.

Luka devait se rendre à l'hôpital, c'était son prochain objectif. Mais il ne voulait pas laisser ses enfants seul avec Thomas et sa clique. Il ne pouvait les emmener, mais il ne pouvait les laisser seul avec cette Secte. Qui pouvait savoir ce qu'il allait essayer de faire.

Il attrapa Elena par le bras et l'entraina un peu plus loin.
- Je vous prie de nous excuser deux minutes, dit-il à l'intention de Thomas.

Puis quelques mètres plus loin, Il se décida enfin à lui parler à voix basse.
- Elena, j'ai besoin de ton aide. Je dois aller à l'hôpital voir si ma femme est encore en vie. Mais je peux pas laisser mes enfants là sans surveillance. Qui sait ce qu'il vont leur faire une fois que je serai partit. J'ai besoin que tu reste près d'eux, que tu les surveille. En même temps, prend le temps de te reposer. Moi je vais partir pour le centre ville. Je reviens aussi vite que je peux.

Luka se voulait convainquant. Il voulait vraiment qu'elle reste près d'eux. Sans quoi, il ne serait jamais tranquille.

- Je t'en prie, Elena...

- « Quoi ! T’as pas confiance en eux, moi non plus… et tu veux que je reste avec ces types ? »

Elle n’avait vraiment aucune envie de traîner ici. Thomas Cruz allait encore lui servir ses laïus sur le Grand Tout, et tout le tralala !!

- « Tu as l’air d’oublier que moi aussi, j’ai quelqu’un à retrouver. Si on a un point commun, c’est la fidélité à la famille. »

Elena faisait la moue ; l’idée ne l’enchantait vraiment pas.
Bon, en même temps, elle ne souriait pas souvent…
Mais Luka lui demandait avec tellement d’insistance qu’elle n’eut pas le cœur de refuser ça à un père éploré.

- « Bon, écoute… Je te donne jusqu’à demain matin. Si t’es pas revenu, je devrais partir à la recherche de mon frère. Tu crois que t’auras le temps ? »

Elena n'était pas d'accord, et Luka le comprenait très bien. Mais elle accepta tout de même, à contre-coeur.

-Tu peux me dire à quoi ressemble ton frère. Comme ça, si je le vois, je pourrais le ramener ici....

- J'espère être revenu bien avant. Je te remercie encore.

Puis il se retourna, mais avant de partir :
-Tu as toujours le revolver que je t'ai passé au commissariat? Surveille les biens, je te les confie, dit-il avec un petit sourire, en lui tendant quelques chargeurs. Dès que je reviens, on partira à la recherche de ton frère, je te le promet. Alors repose toi bien.

Il lui était plus que redevable. Il regarda en direction de Thomas.

- Bon, je vais essayer d'atteindre l'hopital.

Il rassura son sac sur l'épaule et partit en direction de la station de métro de l'Agora.

- « Oui, j’ai gardé l’arme ; on sait jamais. Merci pour les munitions. Je vais devoir passer la nuit à l’école, avec l’autre maniaque de la découpe dans le coin, alors… »

Elena espérait ne pas avoir à s’en servir. Elle ne voulait pas se retrouver dans ‘L’invasion des profanateurs de sépulture’ !

- « Pour mon frère, il s’appelle Juan. Il fait dans les 1m70, sportif, très musclé, un peu trapu, comme les haltérophiles. Et puis il a des cheveux bien noirs, rasés sur les côtés, avec des pommettes très typiques. Tu vois le genre? »

Elle fit quand même un petit effort pour esquisser un sourire, cette fois.

- « Allez, bonne chance. On se revoit demain », fit-elle en croisant les doigts.




2 Octobre – 19H30

[ Vers Subway - ]