Belle journée pour une balade..

Un bel après-midi d’automne. Une semaine de vacances. Le moment idéal pour aller se promener dans les rues commerçantes. Rompre la monotonie d’une vie de campagne trop bien rôdée. Anthony n’est pas spécialement un rat des villes, mais il n’est pas non plus un rat des champs. En fait ce qui rythme la vie de ce jeune facteur de 25 ans sont ses hobbies et ses amis. Sans cesse bouger. Sans cesse découvrir. Ne jamais rester cloîtré chez lui pour vaincre ces deux seuls ennemis : la solitude et l’ennui. Ca vie peut sembler idéale vue du dehors, mais il lui manque quelque chose. Sa personnalité paraît inaltérable mais c’est pourtant un homme plein de doutes. Le seul moyen de ne pas y penser lui-même et de multiplier les activités nécessaires et les distractions superflues dans une spirale sans aucun temps mort. S'il ne le fait pas... C’est dans cet état d’esprit qu’il est venu ici. Il est arrivé tôt pour profiter au maximum de la journée, sans savoir à quelle heure il sera rentré, sans savoir exactement le déroulement de sa journée. Un SMS lui donne une première indication, des amis lui fixe rendez-vous pour prendre un pot dans un endroit branché qu’il ne connaît pas.

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La tête qui tourne, un arrière-goût de sang séché dans la bouche, des courbatures. C’est comme si un train lui était passé dessus. Quoique la comparaison l’ait toujours amusé, peu de personne pouvant se vanter d’avoir tenté l’expérience et s’en être sortie vivante. Mais pour le coup cette expression semblait prendre pour une fois tout son sens. Que s’était-il passé ? La question prit toute son ampleur lorsqu’il s’assit et observa avec étonnement les environs. Les rues étaient dévastées, les vitrines en éclats, le contenu des magasins répandu au sol. Les véhicules gisaient abandonnés, certains calcinés. Les immeubles étaient apparemment vidés de leurs occupants. Une ville fantôme s’étalait sous son regard, un décor d’après guerre ou de révolution. En faisant quelques efforts il se souvint qu’il se rendait à l’Underground, un nouveau bar qu’il souhaitait « inaugurer ». Des amis y étaient déjà et l’attendaient. Mais après ? Le trou noir. Aucune idée de ce qui pouvait avoir causé un tel désordre. Il était abasourdit, ne réalisant pas encore pleinement la situation. Mais au fur et à mesure qu’il comprenait que tout cela était bien réel, la panique le gagnait, ainsi qu’une forte nausée. Il était habitué à cette manifestation physique de stress et en temps normal il savait la gérer. Mais là, la normalité venait de disparaître dans l’oubli et il ne pu se retenir plus longtemps. Les yeux fermés après cette expulsion forcée, il espérait qu'en les ouvrant le cauchemar soit terminé. Au lieu de cela, il s’aperçu qu’il venait de régurgiter sur un objet qui lui était familier. Le carreau de gauche était fissuré et les branches légèrement voilées, mais il s’agissait bien de ces lunettes. Dans cette ambiance de fin du monde cela n’était sûrement qu’un détail mais c’est à ce moment là, en tremblant de tout son être, qu’il se mit enfin à pleurer…