Lumière Noire (suite)

Alvarez demanda son arme à Angelyne. Il lui demanda également de vérifier son fonctionnement. Il l'arma.
Les jumelles posée devant lui, l'arme à la main, il appela Gamma.

"J'ai pas bougé.
J'ai entendu un bruit de moteur et me suis contenté de me pencher à la fenêtre."

- « Bon je te le rabats, alors. A toi de porter l’estocade si c’est un epsilon. Over. »

Gamma apparut au plus proche carrefour. De là, il vit la jeep faire halte devant chez Jonathan Yale.
Encore un bond instantané dans l’espace, et il fut sur le toit de l’immeuble d’en face. Cette fois, il aperçut Alvarez à la fenêtre, en tenue de Gamma, et Juan descendre de voiture.

Il aurait pu tenter de l’abattre depuis sa position dominante. Mais Gamma vérifia d’abord si l’homme se trouvait parmi ses cibles. Ce n’était pas le cas. Il allait donc tenter de le capturer vivant. Il cria :

- « Halte là le bronzé ! Citoyen ou étranger ? »

Juan se mit aussitôt à courir, sans savoir d’où venait la voix. Il ne connaissait que trop bien ce genre de types.

Gamma Un n'avait pas réagit comme prévu, il fallait changer de tactique et faire en sorte qu'il s'immobilise.

"Je te laisse t'amuser avec lui si tu veux. Il a l'air marrant le latino. Avec un peu de bol tu réussiras à le faire hurler !
Je vous rejoins quand tu l'auras maîtrisé."

Juan régénérait et Gamma Un ne semblait pas vouloir le tuer. Alvarez ne prenait pas trop de risque, du moins il l'espérait.

L’instant d’après, Gamma fut dans l’entrée, tandis que Juan s’engageait dans le couloir menant à l’étage.

Gamma Un sourit intérieurement. Les rats détalaient ! Et il allait tomber dans la souricière.
C’est du moins ce qu’il croyait…
Il suivit tranquillement sa proie, fusil à la hanche, braqué vers le fuyard.

- « J’ai dit halte… »

Juan grimpa les marches quatre à quatre… et Alvarez entendit une rafale de feu déchirer la nuit !

- « Ahahahaha ! Rampe, rampe, petit asticot ! »

Puis Alvarez vit la main ensanglantée de Juan, qui se hissait de marche en marche. Il était blessé.
Pour Gamma, la tentation avait été trop forte. Il n’aimait pas qu’on lui résiste. Surtout les sous-hommes. Leur temps était révolu, maintenant !

Affolé Alvarez les rejoignit en criant !!!

"Heeeeeey ! Laisse moi en un peu !!!

Il se rapprocha d'eux et vint se mettre à côté de Gamma Un.

"Je pensais qu'il te le fallait vivant ?
On va devoir le porter"







[Si l'occaz' se présente et ça me déchire le coeur, je compte tuer Gamma Un avant qu'il ne refasse feu. Après, j'attends d'être à bout portant histoire de pas le rater ou qu'il se téléporte. Une balle dans la nuque si possible.]

- « Ouais, mais ce chicano a fait sa mauvaise tête. Il faut qu’il apprenne qui est le maître dans ce pays… Hein, tu comprends vermine ? »

Il posa un pied sur le fusil à fléchettes de Juan, qui se tordait de douleur. Il avait pris trois balles dans les jambes.

- « Pas grave, je le dépose comme ça au prof, vite fait ; ça lui suffira pour son étude… T’entends ? Tu vas bientôt gigoter dans un bocal, Martinez ! »

Les deux Gamma se tenaient côte à côte au-dessus du pauvre Juan. Il jeta un œil implorant vers Alvarez.
Celui-ci s’apprêtait à tirer par surprise quand le tueur remarqua son arme.

- « Tiens t’as un Lüger perso ? Qu’est-ce t’as fait de ta Kalash’ ? »

Et là, tout alla très vite... Alvarez leva son arme pour faire feu, le plus vite possible, mais Gamma réussit à dévier le bras de son assaillant, grâce à son sixième sens… Il était difficile à surprendre ! Il avait anticipé l’attaque.

Gamma et Alvarez étaient face à face, le premier tenant d’une main de fer le bras du second. En même temps, l’exécuteur des basses œuvres fit appel à un autre de ses pouvoirs.
Comme il avait vu les photos avant même d’ouvrir la porte, il chercha à voir au-delà des apparences, en deçà de la combinaison portée par Alvarez…

- « Quoi ! Toi aussi t’es un de ces chicanos ! »

Et ils disparurent tous deux, ensemble… pour réapparaître en plein ciel nocturne !!
Ils étaient une vingtaine de mètres au-dessus des toits de la ville hérissés d’antennes, en pleine chute libre…

Alvarez essaya de s'agripper d'une main à son assaillant histoire de se faire téléporter avec lui s'il lui prenait 'envie de recommencer à user de ses pouvoirs.
De son autre main, s'il lui reste son arme, Alvarez tente de refaire feu.

Gamma luttait pour dévier le tir. La balle le toucha à l’épaule et emporta un lambeau de combinaison. Il avait un gilet en dessous.

Pas facile non plus pour lui de combattre au corps à corps avec un encombrant fusil. Une courte rafale déchira les tympans d’Alvarez. Les balles passèrent à vingt centimètres de sa tête tandis qu’ils tournoyaient dans les airs. Il avait eu chaud.
Tous deux continuaient à chuter et le sol se rapprochait à grande vitesse.

Alvarez se contenta de s'accrocher à son ennemi afin d'être téléporté avec lui. Il fit en sorte de se positionner de manière à ce que Gamma Un soit le premier d'eux deux à heurter le sol.

Il ne pouvait guère faire grand chose d'autre hormis espérer qu'un Dieu vautour Maya vienne le tirer de ce merdier.

Il avait tenu bon, sans céder à la panique. Grâce à son agilité, Alvarez réussit sans mal à se placer au dessus de son adversaire. Dans la lutte, celui-ci dut même lâcher son Ak47, un instant avant l’impact sur le toit.

Impossible de se téléporter à terre ; il aurait conservé son inertie. Gamma allait se fracasser au sol ; il n’avait plus le choix.
Une fraction de seconde avant le choc fatal, ils disparurent ensemble plus loin, plus haut…

Les deux hommes chutaient au-dessus de la ville, en plein ciel, et de plus en plus vite. Une centaine de mètres en dessous, l’église d’Epsilon se rapprochait néanmoins rapidement.
Et un grand oiseau, à large envergure, planait à mi hauteur.

Gamma prit son couteau. Il devait se débarrasser de ce crampon !

Mais qu'est ce qu'il foutait Gamma. A croire qu'il voulait crever aussi. Alvarez tenta de lui faire lâcher prise, ce con venait de sortir un couteau. D'une main il lui attrapa le poignet.

Le mexicain était vraiment excellent en défense. Son corps réagissait au quart de tour
Alvarez réussit à l’agripper tout en parant l’attaque de son adversaire moins agile. Ils se tenaient l’un l’autre, chacun son arme à bout de bras.

Les cheveux au vent, ils tombaient dans la nuit. Derrière eux, une haute colonne de fumée rougeoyante… et en bas les flèches du clocher, autant de lances de pierre et de métal tendues vers les hommes en chute.

Alvarez ne put se retenir d'hurler alors qu'il tombait en chute libre.

Alvarez évita chaque tentative de coup de poignard.
En tombant, ils passèrent à proximité du grand rapace, qui poussa un cri à son tour. A cet instant, une immense rafale de vent les déstabilisa, les envoyant tournoyer plus fort. Surpris, Gamma lâcha prise ; ils n’étaient plus liés que par l'effort désespéré d’Alvarez, pour écarter la lame meurtrière… et se raccrocher à son improbable sauveur.

Gamma n’aimait pas ça. Il n’arrivait ni à le toucher ni à le faire tomber !
Avant d’atteindre le toit de l’église, ils disparurent de nouveau. Jusqu’aux limites d’Utopia et de la ville.
Et un choc violent les précipita tous deux dans le noir. Ils perdirent connaissance. Juste un instant.

Alvarez reprit ses esprits, ou presque. Il flottait dans le noir. Il faisait froid. Glacial. Tout son corps n’était que douleur et le moindre mouvement était difficile…
Il vit dans les ténèbres Gamma dériver non loin, encore étourdi, encore à chercher s’il était en vie. Puis il se mit à remuer… à nager.
Ils étaient dans l’eau. Et un troisième corps flottait avec eux. C’était un plongeur de combat, avec tout son attirail de guerre. Immobile et boursouflé, à mi chemin d’Alvarez et de Gamma.

Retenant son souffle, Alvarez nagea le plus vite possible vers le nageur. Sans détacher l'attirail du nageur, afin de gagner du temps, Alvarez se contenta d'agripper l'arme de l'homme (surement un harpon) et de tirer vers Gamma Un.

Rapide, Alvarez atteignit l’arme en premier. Il avait un poignard et un gros pistolet H&K P-11. Une arme spéciale des commandos marins, silencieuse et mortelle.




La fléchette en tungstène atteignit Gamma en pleine poitrine. Un filet de sang s’en échappa. Le tueur donnait des signes de faiblesse, mais il n’était pas encore mort, toujours grâce à son gilet protecteur.

Alvarez réitéra son tir.

Contrairement à Alvarez, Gamma Un avait heurté l’eau à l’horizontale, déstabilisé avant la chute par cette rafale de vent inattendue. Un beau plat, qui aurait été fatal à un homme normal. Mais il avait dû se casser quelque chose ; il avait plus de mal à se mouvoir.

Dans les vapes, blessé, il ne put éviter le second tir. Cette fois, il ne bougeait plus du tout. Il coula doucement. Il devait avoir son compte.

Mais Alvarez commençait à manquer d’air.

Alvarez nagea de toutes ses forces vers la surface, il lui fallait reprendre son souffle. Il conserva l'arme dans une main si elle ne l'handicape pas trop, sinon il la jette. La survie avant tout !

Où avait-il atterri ?

Il crut que ses poumons allaient exploser, mais il put nager à temps jusqu’à la surface.
La température monta. L’eau était plus chaude en surface. Elle fumait, même.

Il était en pleine rivière. Cette rivière qui venait des collines à l’ouest, traversant la forêt, longeant les limites d’Utopia pour descendre vers le nord, et plus loin se jeter dans la mer.




En atteignant la berge, il vit un second plongeur de combat suivre le fil de l’eau, comme un gros têtard mort, qui flotterait ventre à l’air. Un soldat de l’armée régulière.
Sa combinaison, frappée de l’écusson des fusiliers marins, portait aussi des traces de brûlures, et son visage gonflé était aussi rouge que celui d’une écrevisse bien cuite !

Un troisième, avec bouteilles et tout le toutim, avait échoué sur la berge. Ils venaient de l’amont. Sans doute que la traversée leur avait été fatale.
Si c’étaient eux la mission de secours, les survivants allaient devoir compter sur eux-mêmes !

A moins de vouloir faire de la récupération dans le coin, Alvarez pouvait rejoindre ses camarades.

Il y avait peut de chance pour qu'un attirail de plongée soit d'un quelconque recours. Alvarez se contenta de l'arme qu'il tenait en main et éventuellement, de recharge si le plongeur échoué en possède. Harassé par l'expérience atroce qu'il venait de subir, Alvarez retourna chez Jonathan.

Il put récupérer cinq fléchettes supplémentaires ; cela lui en faisait huit en tout.
Alvarez retourna à l’agence Yale sans encombres.

Alvarez fut accueilli par un canon de fusil et une machette sous le menton…
Il fallut dissiper le malentendu avec Juan et Angelyne, qui attendaient arme à la main que l’un des deux revienne… mais lequel ?

Rassurés mais exténués, ils pouvaient prendre un repos bien mérité.

Alvarez hésita un instant.
Il était exténué mais la soeur de Juan était toujours au commissariat. Il rappela la chose en précisant qu'il était probablement au dessus de ses forces d'affronter une quelconque adversité là bas.

Il alla ensuite se pieuter un moment.