Descente aux enfers

Evaporée était le mot… Il ne resta bientôt plus qu’un petit tas de cendres, fragiles copeaux emportés par le vent, disparaissant dans les ténèbres.

De Juna, il n’y avait plus qu’une trace noire sur la voie, anonyme, sans stèle ni cérémonie.
Elle méritait mieux que ça.
Le destin l’avait-elle mise sur le chemin de Luka pour mieux la lui retirer ? Quelle perverse volonté était donc à l’œuvre dans l’ombre ?

Ce n’était pas la seule chose étrange… la manière dont elle s’était adressé à lui…



Luka tendit l’oreille. Il y avait un indéfinissable bruit, s’amplifiant depuis le fond du tunnel.
Comme un chuintement, comme un gargouillis ?

Non ! Comme un fluide visqueux libéré d’organes putréfiés ! Comme une centaine d’intestins qui se déversent au sol à l’éventrement… Comme la panse d’un écartelé qui éclate au dernier instant !
Cela évoquait un millier de viscères lancées au galop, roulant sur elles-mêmes et frottant le long des parois, un glissement humide et nauséabond…

Il y avait des chuchotements aussi, timides ou invasifs, provenant du fin fond de la nuit.
Et à l’extrême limite de la perception, le lointain mugissement d’horreur d’une bête captive !

Une masse terrible approchait, portée par un million de cafards affamés, avalant tout vestige de lumière sur leur passage.
Les ténèbres s’épaissirent devant Luka. Même sa lampe grésilla et commença à donner des signes de faiblesse.

Il était seul, face à sa peur.

- Merde, mais qu'est ce que...

Un bruit affreux lui parvint aux oreilles. Ce n'était en aucun cas le moment de rester là. Il ne voyait pas encore ce qui était à l'origine du bruit, il ne pouvait que l'imaginer. Et en des temps pareils, son imagination débordait. La lampe grésilla et l'inspecteur la frappa plusieur fois sur sa main.

- Non, pas maintenant.... allez ...

Il était encore agenouillé, mais d'un bond, il se remit sur pied et commença à reculer, pour s'éloigner du mur de feu. Qui sait si les créatures qui approchaient auraient peur du feu, ou même si les flammes les arrêteraient.

Allez, fonce....

D'un appui assuré sur ses pieds, il fit volte face et commença à courir en direction du quai, à une dizaine de minutes de là. Ce n'était pas le moment de trainer, ni d'être fatigué. Pour l'instant, tant qu'il ne savait rien de ces choses, il ne pouvait les affronter. Mais si elles étaient la cause de la mort de sa femme et de ses enfants, elles périraient toutes, il se le promettait.

Tout en courant, il jeta un dernier regard en arrière, sur le tas de cendre. Pourquoi tout ça....

Une dernière larme roula sur sa joue. Et les mots de Juna lui revinrent alors et avec eux, un tas de questions.

Elle était venu l'avertir, mais comment savait-elle où il se trouvait. Une autre pensée en découla, involontairement. Si elle avait survécu, alors qu'elle se trouvait en plein centre ville, alors d'autre aussi, dont cette chanteuse dont Thomas avait mentionné le nom : Jess Hathor. "Nous sommes en danger". Est-ce qu'elle savait ce qui se tramait, ce qu'était ces choses qui la poursuivait. Peut-être en savait-elle beaucoup. "Fuis". Ses derniers mots avaient été pour protéger Luka. Alors que normalement, c'était à lui de les protéger, cette fois là, Juna s'était sacrifié pour le sauver.

Se doutait-elle qu'elle ne survivrait pas en traversant les flammes. D'ailleurs, plus il y repensait, plus la mort de Juna était empli de mystère. Personne ne meurt d'avoir traverser un mur de flammes, on risque d'être sérieusement bruler, mais de là à s'enflammer comme une allumette....

Luka était en vue du quai. Sans arreter de courir, il tourna la tête et tendit l'oreille vers le bout du tunnel.

Luka était essoufflé. A force de faire des allées et venues au pas de course, il avait un point de côté.

Il fit une pause et écouta… Plus aucun bruit. Ni glissements, ni chuchotements, ni clapotis malsain. Rien que le noir et le silence.
Quelle folie était-ce que tout ça ? Il n’avait pourtant pas rêvé… En tout cas, si jamais il y avait eu quelque chose, cela ne le poursuivait pas.

Même la lueur du mur de feu avait disparu du tunnel. Et sa lampe fonctionnait à nouveau sans problèmes.
Luka eut beau attendre, il n’y avait manifestement personne qui approchait. Il était seul avec le son de son souffle, qu’il peinait à reprendre.

Plus aucun bruit bizarre. Il se dit qu'il était temporairement sortit d'affaire. Mais à force de courir, il était assez essoufflé. Il s'assis quelques instants sur le rebord du quai. Que faire maintenant ? Par où commencer son investigation ? La première chose qu'il voyait, c'était retourné à l'école, auprès de ses enfants. De là, il aviserait. Elena était toujours à la recherche de son frère.

Son souffle revenait peu à peu. Où pouvait-il trouver des informations sur les causes de cet incident, sans même connaitre la nature de l'incident. Il y avait bien plus qu'un simple incident, il le savais. ce qu'il avait entendu plus tôt dans le tunnel, ce bruit, n'était surement pas humain. Et si sa femme savait quelque chose, il se pourrait que ce qui se passe ai à voir avec la médecine et les grands laboratoire. Il y avait eu le rachat récent de la firme Eucalyptus par le groupe Eclypse.

Il vérifia son arme à sa ceinture, son Glock 22, la première arme qu'il avait eu. Puis le magnum et le beretta dans son holster d'épaule. Il se rappela alors avoir donner le beretta à Elena. Qu'importe, il posa son sac à coté de lui, l'ouvrit et y chercha un autre magnum qu'il chargea et le rangea dans le holster.

En fouillant dans son sac, il avait mis la main sur un cahier. Le cahier des mains courantes qu'il avait pris à l'accueil du commissariat. C'était peut-être ça le début qu'il attendait. Il sortit le cahier, et l'ouvrit à la recherche d'un indice.

2 Octobre – 21H40

Luka lisait dans le noir, assis sur le quai, à la lumière de sa lampe.

Il y avait un tas d’évènements retranscrits dans le cahier. Agressions, bagarres, menaces, et querelles de voisinage. Pas mal d’armes blanches, et de drogues douces confisquées.

Mais ce qui attira son attention était plus de son domaine de compétences ; les disparitions.
Il était entraîné à enquêter sur ces questions. Un détail l’intrigua.

On avait rapporté ces derniers mois un nombre croissant d’animaux domestiques disparus. Des chiens essentiellement, qu’on avait volés, alors qu’ils étaient attachés devant des magasins, ou laissés libres dans les jardins. La police reconnaissait le fait, mais n’avait pas jugé utile d’enquêter là-dessus. Après tout, ce n’étaient que des chiens.

Plus inquiétant, à bien relire le cahier, pas mal de gens avaient aussi signalé qu’un sans domicile vivant en bas de chez eux depuis des mois ou des années avait disparu un beau matin.
Là encore, l’information n’avait pas été communiquée au service de Luka. La consigne était sans doute de ne pas perdre de temps avec les sans logis ; après tout, ce n’étaient que des SDF…

Mais qui donnait les consignes au commissariat ?

Il y avait pourtant vingt-quatre disparitions signalées ! Et plus du triple de chiens. C’était un nombre qui passait difficilement inaperçu, pourrait-on croire. En fait, personne n’avait donné suite à cette affaire.

Le service s’intéressait à d’autres disparitions, autrement plus médiatiques. Celle de Vincent Yakoro, et celle d’un dessinateur.
Luka, pour sa part, travaillait sur deux autres dossiers, dans son bureau : un homme disparu après que sa femme ait été tuée, et un jeune du milieu punk qui manquait à sa famille.
C’étaient des pauvres ; le chef se réservait le gratin !

Vincent Yakoro avait été récemment arrêté. Tout comme Wolf Blixen. Deux opérations dont le commissaire n’avait rien dit en réunion.


A ce moment Luka crut entendre crisser le gravier dans le tunnel. Puis plus rien...


2 Octobre – 23H

2 Octobre - 21H40

Le taux de criminalité élevé, Luka ne pouvait l'analyser. Il ne résidait dans la ville que depuis peu. Impossible de savoir si le nombre de crimes était en hausse, ou bien si c'était dans la moyenne.
Par contre, les disparitions, c'était son domaine. Et le nombre de disparition était lui, surprenant. Il est vrai que pour la plupart, c'était des chiens ou des SDF. Aucun moyen de savoir si c'était un kidnapping, un accident, une fuite ou alors des suicides. Maintenant, un nombre aussi élevé ne pouvait éveillé que la curiosité de l'inspecteur. Trop de disparition signalé en peu de temps, ce ne pouvait être une coïncidence. Il devait s'agir de rapt ou de kidnapping. C'était les bonnes cibles en plus. Qui se soucierait d'un sans logis qui disparaissait. Les rues étaient plus propres ainsi, avait-il entendu un jour au supermarché du coin. Mais pourquoi kidnappé des sans logis ? Un tas d'hypothèse venait à l'esprit du policier, mais aucun fait ne venait les étayer. Mais les SDF n'étaient pas les seuls. Des chiens aussi, et en masse. C'est alors qu'il se souvint que Wolf lui avait mentionné un groupe de chien bizarre à la station service. Etait-ce les mêmes ? Et dans ce cas, que leur étaient-il arriver ?

Soudain Luka entendit un son provenir du tunnel. Il balaya alors le tunnel du faisceau de sa lampe. En même temps qu'il tenait sa lampe d'une main, il rangea le cahier dans son sac qu'il mit sur son épaule et posa la main sur son Glock. Une des choses qu'il avait entendu plus tôt dans le tunnel avait-elle pu le rejoindre?

Il se leva et depuis le quai cria : "Y'a quelqu'un ? " tout en essayant d'illuminer le plus possible le tunnel sombre. Il était prêt à tout. Si il y avait quelqu'un de pas amical, son arme ; un survivant, il l'aiderait ; autre chose, il prendrait ses jambes à son cou et remonterait à la surface, ce qu'il comptait faire. Rejoindre Elena à l'Agora. Il n'avait, pour l'instant, plus rien à faire vers les centre ville.

2 Octobre - 23h00

En cherchant à percer le noir de sa lampe, Luka crut de nouveau entendre un petit bruit dans le tunnel, sans rien voir. Puis quand il appela, le bruit se reproduisit… derrière lui ! Un bruit de pas furtif.

A peine s’était-il retourné qu’un canon crachait son feu ! – Bang, Bang !
L’impact projeta Luka en arrière. Il s’écroula, sonné et endolori, le nez collé contre la froideur du quai.

Il était touché. Dans les brumes de sa conscience vacillante, il entendit son agresseur s’approcher, sans pouvoir encore bouger. Il avait mal, mais il vivait.

D’une voix étouffée, déformée par un masque, l’homme dit, comme s’il s’adressait à quelqu’un d’autre :

- « Alors il a parlé d’une Juna ? - oui, pas parlé, je sais... - Attends, je vérifie… »

Il détacha un scratch et prit une enveloppe dans sa poche. Il en sortit plusieurs photos classées par ordre alphabétique.

- « Oui, j’ai deux Ever. Juna et Luka. Ça doit être le mari, celui-là. »

Puis il retourna Luka sur le dos. L’homme masqué avait un colt 45 dans une main, et les photos de l’autre.

- « C’est ça, c’est bien lui… Une infirmière, tu dis ? Bon, envoie quelqu’un vérifier à l’hôpital si elle est neutralisée. Moi, j’ai une autre cible à traiter. On a logé le dessinateur ; je lui tomberai dessus au petit matin. »

Puis tout à coup il réalisa :

- « Merde ! Il a un gilet ! »

Tout alla très vite. La détonation et l'inspecteur se retrouve projeté sur le quai, face contre terre. Encore dans les vapes, il avait mal, mais il était en vie.

Va falloir que je remercie Wolf pour ça, reprend tes esprit mais ne bouges pas, l'autre te croit mort

Mais qui était l'autre. Luka n'avait rien pu voir de son agresseur avant d'être projetté. Mais même si il était face contre terre, ses oreilles étaient grande ouverte. Ce que disait l'homme semblait incompréhensible pour l'inspecteur. Qui était-il ? Est-ce qu'il le suivait? Et comment savait-il pour Juna, Luka n'avait prononcé son nom, mais ça, il semblait déjà le savoir. Pouvait-il lire les pensé ou un truc du genre ?

Luka continuait d'entendre le son de ses pas approcher de lui. Deux Ever ? Il a quoi, une liste ou un truc du genre ? C'était qui, un tueur à gage? Pourquoi s'en prendrait-il à Luka et Juna, cela n'avait aucun sens. Luka gardait son calme comme il pouvait. Les pas étaient tout proche.

Attention, il est là

Luka, supposant la suite des évenement, ferma les yeux et décontracta tout ses muscles. Il voulait se faire passer pour mort le plus longtemps prévu, garder l'effet de surprise.

Neutralisé? un synonyme de tuer j'imagine. Il ne savait donc pas encore. Luka lui, ne pouvait en douter. Il l'avait vu de ses propres yeux. Il ne pouvait donc pas l'avoir suivit, sinon il aurait vu lui aussi. OU peut-être y avait-il autre chose, et que sa femme était toujours en vie. Non ça ne pouvait, il était persuadé de l'avoir vu, de l'avoir suivit quand elle a sauté à travers le mur de flamme et puis de l'avoir vu s'évaporer. Déjà que cette mort lui semblait des plus douteuse, une partie de lui voulait croire qu'elle n'était pas morte, que tout ceci n'était qu'un mauvais cauchemar.


Il n'est pas seul, serait-ce une organisation? une secte ? Que faire ? Sa prochaine cible, un dessinateur. Mais qui lui donnait ses cibles ?

C'est alors que tout s'accéléra. L'agresseur remarqua le gilet pare balle. Luka n'eut que quelques millième de seconde pour réagir. Il ouvrit les yeux et balança un coup de pied dans le bras armé de son agresseur pour tenter de le désarmé.

L’homme en gants noirs et tenue kaki plastifiée ne s’attendait pas à une riposte. Il fut si surpris que sa victime n’ait pas déjà avalé son bouillon de onze heures qu’il ne put éviter le coup de Luka. Son arme vola plus bas sur la voie.

Il avait aussi un grand couteau de combat à la ceinture. Il y porta la main, mais plutôt que de le dégainer et de se jeter sur Luka, il choisit de plonger en bas du quai à la recherche de son arme.
Il était hors de vue depuis la position allongée de Luka.

Etrangement, il ressemblait à l'autre gars qui travaillait pour Thomas. Heureusement Luka réussit à le désarmer. une chance. Mais l'homme se jeta en bas du quai. Luka tout en se mettant à genoux, sans réfléchir, porta une main à sa ceinture pour dégainer son glock et le pointer sur le type qui semblait chercher son arme.

-Stop, main en l'air, cria-t-il à l'attention de l'homme masqué.

Luka n’était pas au bout de ses surprises pour la soirée. Voilà que l’homme qui venait de sauter avait carrément disparu !
En contrebas, plus personne… c’était tout bonnement impossible, qu’il ait pu s’échapper sans qu’on le voie ni qu’on l’entende !

Par contre, son arme était bien là, entre les rails. Il n’avait manifestement pas eu le temps de la récupérer, dans le noir.
Mais par quel incroyable artifice avait-il pu disparaître ?

Sur le quai, il restait quelques photos éparpillées. Il en avait laissée tomber une partie en sautant.

Mais quand est-ce que cette folie allait s'arreter. Un homme qui disparait dans un courant d'air, on aura tout vu. Quel allait être le prochain pas vers la folie, se demandait Luka.

Il n'avait pas tout rever pourtant. Des photos étaient éparpillés sur le sol, et son arme était toujours la, entre les rails. Se relevant doucement, Luka balaya autour de lui, l'espace du faisceau de sa lampe, son arme toujours en main, et pointer avec la lampe. Mais rien, vraiment personne aussi bien devant lui, que derrière. D'un bond, il sauta sur la voie, restant toujours sur ses gardes, son glock bien armé sans cran de sureté. Il était prêt à faire feu sur tout ce qui semblait hostile. Mais rien. Il ramassa l'arme tombé au sol, elle au moins, était bien réelle. Il l'examina avant de la glisser dans son sac et revint sur le quai pour s'emparer des photos. Il connaissait deja deux des visages qu'il pensait voir : Lui et Juna. Mais qui était les autres ?

Il y avait sept photos tombées au sol. Chacune portait un nom et au dos, une adresse.


Dane, Orclé - Sans emploi – Hôtel Montcalm (122 avenue des asphodèles)
Ever, Juna - Infirmière - Hôpital Miséricorde
Ever, Luka - Inspecteur - Commissariat
Garuda, David - Dessinateur – Maison de couture CB (123 avenue des asphodèles)
Guerrabrandt, Angelyne - Ecrivain – Utopia (72 bvd Saint Christophe)
Johnson, Andrew - Avocat – Cabinet Stanley & Gifford (Cité Chantico)
King, Cassie - Internement - Hôpital Miséricorde.


Sur ces photos, ils avaient tous la même blouse bleue ras du cou, et l’air un peu hébété. Tous avaient aussi la tête appuyée contre un oreiller.

Luka avait le choix.
Repartir d'ici pour enquêter là où il pourrait obtenir plus d'informations. Chercher les indices qui le mèneraient à ce qu'il devait déjà pressentir.

Ou persévérer et s'enfoncer dans ce tunnel, quoi qu'il y ait au bout.
Puisque l'homme qui avait essayé de le tuer avait parlé de Juna, comme s'il restait encore un espoir...

Dire qu'il fut un temps, Luka se plaignit de sa vie trop monotone. Puis vint Juna et ses deux merveilleux enfants. Et depuis, sa vie n'avait jamais plus semblé monotone.

Trop de chose s'était produit et Luka n'avait pas eu le temps de décompresser. Il regarda autour de lui. Mais rien ne semblait suspect. Il attrapa les photos, et descendit sur la voie. Il s'appuya contre le mur, et laissa ses dernières forces s'échapper, tout en tombant assis sur le sol. Il sentit son corps se vider, et tout le poids de ce qu'il venait de vivre durant ces deux derniers jours s'abattit sur lui. Il n'avait plus envie de rien. Mais pas question de perdre espoir. Surtout pas pour lui.
Luka fit défiler les photos devant lui. Ils étaient tous vétu de la même manière, cette blouse bleue.... Des têtes inconnus, tout comme des personnes qu'il avait déjà rencontré comme Orclé ou Alice. Puis vint sa photo. mais il n'avait aucun souvenir de ce moment. Impossible de voir quand elle avait été prise. Puis celle de sa femme. Il ne put retenir toute l'émotion qui lui etreignit le coeur. Il eu tout juste la force de retenir ses larmes. Sa femme, ses enfants....
L'inspecteur se mit alors à réfléchir à ses options : repartir et essayer de trouver d'autre indices hors du centre-ville. Ou bien réessayer d'atteindre l'hospital. Ce que son agresseur avait sous-entendu pouvait bien être une once d'espoir. Juna avait peut-être survécu. Si il y avait une seule et minuscule chance qu'elle soit vivante, il se devait d'aller vérifier.

Il se leva, il avait repris des forces et sa volonté était de fer. Il se remit alors en marche vers le centre ville, en esperant que les obstacles qui jonchaient le tunnel jusqu'a l'hopital avait disparu.

Ses pas résonnaient dans le tunnel. La réverbération donnait parfois l’illusion qu’il n’était pas seul. Mais personne en vue dans les ténèbres.

En tout cas, son vœu le plus immédiat avait été exaucé… Les flammes avaient disparu.
Luka retrouva l’extincteur là où il l’avait abandonné. Plus aucune trace non plus de la silhouette noire que Juna avait laissée…

Le faisceau capta dans sa lumière le bout de bois lancé plus tôt… Il était intact ! Sans la moindre marque de combustion.


Une quinzaine de minutes, l’inspecteur put poursuivre sa route…
Et cette fois, c’est un éboulis de rocs qui se dressa sur son chemin ! Du sol au plafond, de gros blocs obstruaient le passage.

Luka passa devant l'extincteur qu'il avait laissé plus tôt. Sans cet indice, il n'aurait même pas reconnu l'endroit où le mur de flamme s'était dressé. Il balaya de sa lampe le sol, mais plus aucune trace. La tache noir laissé par sa femme lorsqu'elle mourut n'était plus là. Le bout de bois qu'il avait jeté, était quant à lui, intacte. Il se rapprocha pour l'examiner.


Peut-être une heure auparavant, Luka était certain de ce qu'il avait vu. Mais il ne pouvait dénier les évidences. Plus de tache, plus de mur et le bout de bois qu'il avait vu se consumer était intact. Tout ça sentait vraiment pas bon. Pouvait-il être dans un grand délire. C'est ce qu'il se demandait quelque fois.

Il continua d'avancer, tentant désespérément de guetter le moindre signe de vie devant lui. Les .... choses qui les avaient poursuivi plus tôt, lui et sa femme, erraient peut-être encore dans le tunnel. Mais aucun son suspect ne lui parvint.

Il fut même surpris de se retrouver face à un éboulement. Aussi loin qu'il pouvait voir avec sa lampe, les rochers occupaient l'espace, du sol jusqu'au plafond. Impossible, se dit-il. Il devait y avoir erreur quelque part. Il ne se souvenais en aucun cas avoir entendu un quelconque bruit d'éboulement auparavant. Et sa femme, comme ce qui la poursuivait, devait bien venir de quelque part. Et si ils n'étaient plus là, où étaient-ils donc passés?

Luka inspecta le mur minutieusement. Il ne pouvait laisser un simple éboulement se mettre entre lui et sa femme. Il essaya de déplacer les pierres. D'abord à mains nus, puis avec l'aide d'un bâton pour faire levier. Il tentait tant bien que mal de trouver une fissure qui lui ouvrirait un chemin vers l'hôpital et une partie des réponses.

Dès que Luka eut saisi un rocher, il put l’ôter comme s’il ne pesait rien. Et de fait, la pierre disparut aussitôt de ses mains ! Comme si elle n’avait jamais existé.


Puis il entendit une voix qui lui parlait :

- Tu es un têtu, toi ! Trop curieux, aussi.

La voix sonnait bizarre… Comme celle de Juna tout à l’heure, en fait…
Luka n’aurait pas pu dire de quelle direction provenait cette voix. Il avait l’impression de l’entendre… en lui.


Il aurait pu croire qu’il devenait fou, que la souffrance avait eu raison de son esprit. Mais déjà, derrière Luka, une forme se détachait du mur. Lentement, prudemment, la silhouette se rapprochait de sa victime.

Pas de regrets. Dans les ténèbres du tunnel, il n’aurait rien pu voir venir. Surtout quelqu’un comme ça, capable de se dissimuler et de sembler sortir du néant !
Luka sentit une douleur fulgurante. Jamais il n’avait eu aussi mal. Il cria et sentit ses forces l’abandonner. Ses jambes se dérobaient sous lui.

On venait de lui planter un couteau de combat dans le cou. Le sang coulait à gros bouillons.
La situation était grave. Sous peu, Luka perdrait connaissance et finirait de se vider de son sang… Il fallait agir.

- « Adieu poulet ! »

Cette fois, il avait entendu normalement la voix de l’homme, étouffée par son masque. Il s’éloignait.

La folie ne semblait plus avoir de limite en ce bas monde qu'était devenue Epsilon. Après un mur de flamme, un mur de rocher, qui chacun, devait peser bonbon. Mais Juna l'attendait peut-être derrière, il ne pouvait laisser cette obstacle sur sa voie. Il se saisit alors d'un rocher. L'inspecteur ne pensait que le déplacer que de quelques centimètres, mais à sa grande surprise, le rocher se souleva tel une plume puis disparu des mains même du jeune homme.

Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir, une espèce d'illusion ou je ne sais quoi. Qu'est ce qui peut provoquer de tel choses, ce n'est pas naturel.


Alors qu'il était perdu dans ses pensées, une voix vint s'immiscer parmi elle, une voix qui n'était en aucun cas la sienne, mais qui résonnait dans son esprit. Impossible de dire d'où elle provenait, ni même si elle était proche ou lointaine. Cette voix était omniprésente dans son esprit. Tout ça pour faire un constat affligeant que Luka connaissais déjà : Il était têtu et curieux, et surtout tenace. Mais il n'avait pas l'intention de changer.

La voix n'était plus, le silence était revenu dans son esprit comme tout autour de lui. Alors qu'il allait poser une main sur le mur de pierre, bouger d'autre roc pour lui faire un passage, il sentit une douleur absolu dans le cou.

Qu'est ce que ...

Avant même qu'il ne réalise se qu'il se passait, la douleur s'intensifia encore, et encore. C'est comme si il se sentait mourir. Elle était encore plus atroce que celle qu'il avait ressentit auparavant lorsque cet autre homme lui avait tiré dessus. Le long de sa colonne, l'inspecteur pouvait sentir la chaleur de son sang qui dévalait son épine dorsale. A ce rythme, dans quelques instant, tout son sang serait répandu sur le sol, et avec lui, la vie de Luka. Ses forces le quittaient, ses jambes le suportait encore mal. Dans un dernier geste, il attrapa le couteau dans sa nuque et l'enleva d'un coup sec tout en se retournant pour voir son assaillant. A ce stade, la douleur ne pouvait être plus forte.

Impossible

L'homme au couteau n'était autre que l'homme au pistolet qui avait déjà essayé de le tuer peu avant. Luka tangua. Son esprit le fuyait, sa vision se brouillait. Il n'y voyait pas plus que par un jour de grand brouillard. Néanmoins, il pouvait distinguer l'homme qui s'éloignait en jettant un dernier "adieu poulet !".

Ce pouvait-il qu'il ai raison, Luka devait-il dire adieu à la vie. Il s'y refusait. Mais son espoir et sa détermination ne semblait pas faire force dans ce monde. Il mit une main sur sa blessure, comme dans un dernier espoir d'arrêter sa blessure, et il s'écroula face contre terre.

A même le sol, ses dernières forces subsistaient plus que lorsqu'il était debout. Il ne pouvait pas finir comme ça, il ne devait pas. Il était plus persuadé que jamais que Juna l'attendait maintenant. Qu"il était sur la bonne voie pour découvrir le fin mot de l'histoire. Retrouver les siens. C'est totu ce à quoi il pensait, coucher à même la terre. Sa tendre femme, et ses si beaux enfants. Il voulait esperer, il voulait vivre pour les venger, il voulait continuer.

Une main sur sa blessure, il tentait vainement d’empêcher le sang de couler. Sa vie s’enfuyait entre ses doigts.
Mais il ne voulait pas mourir. Il s’accrochait. De toute sa volonté.

Alors il sentit cette douce chaleur l’envahir, comme un furtif frisson, quelque chose d’apaisant qui atténuait la douleur.
Tous ses poils se hérissaient, mais il avait de moins en moins mal. Et bientôt, le sang ne coula plus.

De la même manière qu’un peu plus tôt à l’école, la blessure s’était refermée.
Luka était trempé de son propre fluide, mais il allait vivre. Encore. Pour continuer.

La vie, celle qu'il chérissait, ne s'échappait plus de son corps. Par un quelconque miracle, la blessure s'était refermé, et le sang ne coulait plus. Un instant, Luka resta face contre terre. Il ne réalisait pas encore. Sa volonté avait peut-être été la plus forte. Son désir de vivre, de retrouver sa femme, de venger ses enfants. Tout ces sentiments l'avait aider à survivre, il en était sûr. Mais pas seulement.

Il s'assis contre le mur de pierres, toutes ses forces n'étant pas revenu. Pourquoi, ou plutôt, comment avait-il pu survivre. Il n'y connaissait pas grand chose en médecine, mais il se doutait qu'une blessure ainsi ne pouvait guérir d'elle-même, et surtout pas à cette vitesse. Alors quoi ? Plus il regardait sa main, maintenant taché, plus il se disait qu'il y avait un rapport. Se pourrait-il que cela vienne de lui ? Une sorte de don de guérison ?

Mais tu perd la tête mon cher Luka, un don de guérison

Même si l'idée était des plus saugrenues, les faits corroborais son affreuse théorie. Tout d'abord, la blessure de son fils. Il s'était convaincu l'avoir rêvé, mais elle était bien là. Et après que l'inspecteur lui ai fait ses adieux, elle avait disparu. Et ensuite, cet homme que les gars de Thomas avait amené, celui qui s'était pris une balle et dont la blessure c'était fermé comme par magie. C'est d'ailleurs de la que Luka appris pour les élus.

Tout est donc vraie? la prophétie et tout le patatra. Luka ne pouvait croire à ça, et pourtant, tout semblait lui indiqué qu'il se passait quelque chose qu'il ne pouvait comprendre. Et comme de par le passé, même si il n'était pas d'accord, il accepta la possibilité. Il pouvait vraiment guérir? guérir, mais pas ramener les autres à la vie, pensa-t-il en repensant à ses enfants.

Alors je peux me guérir ? Moi et les autres ?

Il n'en revenait toujours pas.

La réalité le rattrapa. Mais d'où était sortit l'autre. En arrivant, il n'avait vu personne. Et pourtant, il était apparu de nulle part. Tout ça pour le tuer, l'empêcher d'avancer. C'était décidé, il allait continuer, il se savait sur la bonne voie. Il se leva, ses forces revenus. Il posa sa lampe torche en direction du tunnel, enleva la protection de son glock pour le saisir rapidement au cas ou se fou reviendrait et il commença à déblayer le mur de pierre, tout en jetant souvent de rapide œillade en arrière pour se protéger.

Tandis que son esprit bataillait avec l’incroyable vérité, son corps ne perdit pas plus de temps en longues conjectures. Sitôt rétabli, sitôt reparti.

Et l’inspecteur - qui eut mérité la médaille de la ténacité - n’eut même pas besoin de déblayer l’éboulis. Chaque fois qu’il touchait un rocher, celui-ci disparaissait ! Tout simplement.

En fait, il n’y eut bientôt plus aucun obstacle pour entraver son chemin. Un souffle léger, sa vision qui se trouble, une vibration floue…
Et le mur de pierre s’évanouit sans laisser de traces, tout comme le mur de feu avant lui.


Derrière, Luka aperçut la station Miséricorde. Ses quais, et le carrelage immaculé.

Luka ne s'étonnait même plus de voir les bloc disparaitre à chaque fois qu'il les touchait. Il devait bien passer à autre chose. S'extasier à chaque nouveau constat de chose "non-naturel" n'allait pas l'aider.


Le mur finit par s'évanouir. Derrière se dressait enfin la station Miséricorde. L'espace d'un instant, il souffla de soulagement avant de remettre les pieds sur terre. Il reprit sa lampe à terre, et balaya le tunnel devant lui, derrière lui aussi et avança d'un pas silencieux. Il prit son glock dans la main droite, la lampe dans la gauche, prêt à faire feu sur tout ce qui semblerait hostile. Pas question de se faire avoir une troisième fois par le même gars ou par un autre. Il ne savait même pas ce qui déclenchait son habilité, ni même si elle avait un certain "nombre maximal d'utilisation". Il avait même penser utiliser le couteau qu'il avait récupérer pour s'entailler et tenter de se soigner. Mais l'heure n'était pas aux expérimentations.

Il avança doucement dans la station, tous ses sens aux aguets. Il approchait de certaines réponses, il en était persuadé. Il espérait même trouvé sa femme à quelques mètres de la station.

Il avança dans les couloirs, l'arme au poing, mais tout semblait désert. Les escaliers menant à la sortie et donc à l'hôpital était droit devant lui. D'un pas assuré, il les emprunta.

2 Octobre – 23H55


Luka gravit les escaliers et quitta le métro sans encombres. Pour l’instant, on le croyait mort. C’était un avantage temporaire.

Mais nul ne l’avait préparé à ce qu’il allait découvrir en centre-ville…



[ Vers : Miséricorde ]