Compteur à zéros [Début d’Elena]

2 Octobre 2006... 4h12

Ce fut d’abord ce bruit de bourdonnement incessant. Un son irrégulier, semblable à celui de vagues éloignées alors qu’on s’approche d’une plage encore invisible. Puis la sensation de sentir le vent qui lui caresse la joue et les bras. Cet air, qui peu à peu, lui donne consciences que sa poitrine se lève et s’abaisse régulièrement. Enfin cette petite voix dans sa tête qui lui dit inconsciemment : Tu es en vie. Doucement ses paupières se décollent, ouvrir les yeux est comme un effort surhumain presque impossible. Tout est flou. Où est elle ? Il fait nuit ou du moins elle le pense. Peu à peu, elle perçoit une lueur rouge orangé venant d’un peu plus loin. Sa vision devient plus claire. Elena est allongé dans les herbes hautes en bas de ce qui s’emble être un très haut talus. Sur le ventre, une joue contre terre, elle essai alors de ce rappeler ce qui vient de ce passer. L’accident, les caisses qui s’écroulent, son frère !

« Juan ! »

Elena cria ce nom tout en essayant de se redresser. Une douleur violente se réveilla alors à l’arrière de sa tête, lui donna le vertige et la faisant retomber. Une main sur le front, la seconde s’appuyant sur le sol et ses genoux plantés dans la terre, elle tentait de reprendre le control. Elle n’avait plus qu’une seule et même idée en tête, son frère. Autour de son cou pendait une petite chaîne plaquée argent au bout de laquelle se balançait une petite croix dans le même métal. Apercevant le petit pendentif du coin de l’œil, Elena sera son poing arrachant ainsi une poignée d’herbe et de terre. Elle devait bouger, trouver la force d’avancer …

La jeune femme se releva d’une manière plus lente cette fois ci. Le regard hagard, elle examina les alentours en tournant sur elle-même. Rien ! Dans l’obscurité et au plus loin que menait son regard, il n’y avait que des herbes hautes, divers détritus accumulés par le temps. Plusieurs sacs plastiques, un paquet de chips vide, un bidon d’huile de moteur, un enjoliveur cassé … Tant de choses arrivées ici après avoir été la propriété de chauffeur de passage. Dans la tête d’Elena, le bourdonnement continuait et le mal de crâne semblait marquer chaque battement de son cœur. Devant elle, se dressait une pente abrupte de deux ou trois mètres couverte de végétation et gravillons. Au sommet, la route invisible aux yeux de la jeune femme ne pouvait être que là. Titubant légèrement, elle s’avança jusqu’au pied du talus. Le visage déformé par l’inquiétude et la peur. La peur de trouver le corps de son frère en haut de cette « colline ». S’aidant de ses mains, tentant de s’agripper au sol friable, elle commença à monter faisant rouler des mottes de terres et de petits cailloux. Sa respiration était rapide, bruyante, essoufflée, violente… Dans son esprit une seule idée tournait insatiablement: « Juan… Mon frère … Juans …. ». Après plusieurs efforts, pour escalader la pente et pour ne pas de nouveau s’évanouir, elle posa enfin la main sur une surface bitumée. Un petit mètre de plus et elle put enfin se redresser.

Debout, juste derrière la rambarde de sécurité, Elena s’était figée devant la scène qui lui faisait face. Partout, à perte de vue, les véhicules étaient immobiles, certaines avaient même le moteur qui tournait encore. Encastrées entre eux, sur le toit ou sur le côté, écrasé sur la rambarde de sécurité, deux voitures en flamme éclairaient se paysage chaotique. L’odeur des gaz d’échappement se mélangeait à celle des vapeurs de carburant et des fumées des véhicules en flammes. Les corps des chauffeurs et des passagers restaient immobiles, et visible à travers les pare-brise. Ici un homme avait traversé la vitre et était allonger le visage plaqué sur sont capos. Plus loin, une portière ouverte laissait ressortir le bras d’un passager. Près d’un break en flamme, le corps encore fumant de son propriétaire restait recroquevillé, montrant l’agonie qu’avait vécu cette personne. Tout proche, un bus affichait les visages livides d’enfants en voyage scolaire, aquarium gloque et vision immonde de la mort qui les avaient fauchées en un instant. Là bas, le cadavre d’un chauffeur pendait dans le vide de sa voiture retournée, le corps toujours accroché par sa ceinture de sécurité. Ici et là, des membres, du sang, des corps, toujours plus de scènes morbides et incompréhensible. Enfin, en travers des deux voies, affalé sur son côté droit, le camion qui avait transporté Elena.

Prise de panique et dans un élan de sensations effrayantes, la jeune femme se précipita vers le poids lourd.

« Juan ! Juan ! Répond moi Juan ! ! »

Elle courait vers le bahut, en hurlant à plein poumon. Il ne pouvait être mort, il devait forcément être là, quelque part. Elle fouilla le camion de la cabine à la remorque, déplaçant les caisses encore intactes, avec une force qu’elle-même ignorait avoir. Pas un signe, pas d’autre corps dans le camion. Elena fit alors le tour des environs, examinant chaque recoin, sous chaque voiture, dans chaque fossé, retournant chaque cadavre qui pouvait être son frère. Pendant une heure, elle parcourra la zone autour du véhicule sans aucun succès. Le physique repris alors le dessus et son moral plongea plus profond que terre. Epuisée, en larme, Elena tomba à genoux au milieu de ce carambolage géant, et cria une dernière fois le nom de son frère, avant de finir en larme. Les nerfs lâchaient alors qu’elle restait immobile dans cet enfer. Elle si forte craquait face à l’adversité et face au spectacle qui l’entourait.

Plusieurs minutes s’écoulèrent, puis la jeune femme serra les points. Il n’y avait plus qu’une possibilité, une évidence. Si elle ne l’avait pas trouvé, il ne pouvait qu’être en vie. Il était peu être allé chercher du secours ? Oui, ce ne pouvait être que ça. Elena se releva alors, emprise à cet élan d’espoir qui brûlait en elle. Il fallait qu’elle retrouve son frère.

Ce fut à ce moment là, qu’elle réalisa ce qui l’entourait et qu’elle commença dépasser le stade de la pulsion pour réfléchir un court instant. Bizarrement, jusqu’ici elle n’avait pensé qu’à son frère, et pour la première fois une question évidente lui traversa l’esprit. Inconsciemment, elle s’exprima à voix haute en murmurant cette phrase :

« Mais qu’est il arrivé ? »

Ce n’était pas un accident de la circulation. Aussi loin qu’elle pouvait le voir, il n’y avait que des carcasses de taules, des véhicules accidentés et détruits. Pas un mouvement, pas âme qui vivent, pas même le son d’une sirène ou d’un hélicoptère de secoure. Même le silence était étrange, aucun son de personne agonisant ou appelant à l’aide. Rien. La mort à perte de vue. Le teint d’Elena devint plus pâle et d’un geste rapide elle fit un signe de croix tout en chuchotant.

« Madre de dios … »

Il s’écoula presque une vingtaine de minutes, pendant lesquelles Elena, assise sur un capos d’une berline, réfléchit en tentant de remettre les choses en place dans son esprit. Toutes ses émotions du moment se calmaient peu à peu, pour permettre à la réflexion de reprendre le dessus. Elle se souvenait de la lumière et du son d’explosion qui avait longtemps bourdonné dans sa tête. Ce bourdonnement avait d’ailleurs disparu et sa migraine avait légèrement passé. A première vu, elle avait pensé à une attaque nucléaire, mais si cela avait été le cas ne serait t elle pas déjà touché par les radiations. Peu être, alors un genre d’attenta bactériologique. Après mure réflexion, elle avait trouvé cette dernière idée plus vraisemblable que tout ce qui lui traversait l’esprit. Elle se leva alors se contentant de cette conclusion pour le moment et passa entre plusieurs voitures. Au niveau d’un petit fourgon au vitre brisée, elle remarqua une petite boite sur le siège. Passant le bras par une ouverture, elle se saisit de sa découverte.

* Ce n’était pas le bon moment pour arrêter.*

Ouvrant le paquet blanc et rouge, elle trouva un briquet glissé à l’intérieur et sortit l’une des cigarettes. Doucement, elle plaça celle-ci entre ses lèvres sèches. Son regard se posa sur le chauffeur de la camionnette, un jeune homme aux yeux révulsés.

« Désolé, je te taxe tes clopes. Je crois que où tu es tu n’en as plus vraiment besoin. »

D’un geste sec, elle fit apparaître une petite flamme et alluma l’extrémité de la cigarette. Elle aspira une longue bouffée sur le cylindre, avant de recracher la fumée en un mince filet blanc. Elena fourra le paquet et le briquet dans sa poche, regardant alors son aspect du moment.

Son jeans était couvert de boue et déchiré aux genoux, tendit que son débardeur noir n’avait rien à lui envier. Plusieurs bleus sur les bras, quelques coupures, rien de grave à premier vu. A cet instant, elle se décida enfin. La meilleur chose à faire, était de ce rendre à la ville la plus proche. Là bas, elle trouverait peu être des secours, ou de l’aide. Si tout était ainsi dans le secteur, elle allait devoir trouver de quoi s’adapter à la situation. Matériel, nourriture, vêtement, arme… Si elle avait survécu, elle ne devait pas être la seule et qui sait sur qui elle pouvait tomber. En parallèle, Juan n’avait pu que rejoindre la ville lui aussi et s’était donc par là bas qu’elle devait commencer.

Elena se concentra par la visite des différentes carcasses entourant le camion. Bien qu’elle les avait déjà visité en cherchant Juan, cette fois, ses recherches étaient très différentes. Son but, était de trouver quelque chose d’utile. La chose pouvait paraître presque simple, mais au bout de trois quarts d’heure, Elena n’avait mit la main que sur la clé d’un cric. Le genre d’outil qui est dans toute les voiture et qui tout sauf pratique quand on en avait besoin. De toute manière, Elena s’en servait uniquement pour briser les vitres de véhicules, qui avaient des portes fermées à clé ou trop cabossées pour s’ouvrir. Finalement, tout ceci n’avait été qu’une perte de temps. Rien n’avait une vraie utilité, ou plutôt rien qui avait une utilité face à la situation actuelle. Il ne servait plus à rien de perdre plus de temps ici. La jeune femme prit donc le chemin de la citée, promenade entre les cercueils de métal et de verre qui avait été autre fois des moyens de locomotion.

Plus qu’une simple randonnée, le chemin vers la ville était un vrai parcourt du combattant. Parfois, un carambolage bloquait entièrement les quatre voies. Il y avait même eut tout un pont qui s’était écroulé, obligeant Elena a effectué un détour qui avait pris presque une heure. La jeune femme avait caressé un court instant le désir de trouver une voiture et de l’utiliser. Cette espoir, lui était vite sortie de la tête. Au mieux, elle aurait slalomé pendant un kilomètre ou deux avant de se retrouver bloqué. Elle aurait alors été obligée d’abandonnée le véhicule. La recherche d’une voiture en état lui aurait sans doute fait perdre plus de temps que ce qu’elle en aurait gagner. Ce fut donc au bout de trois longues heures qu’elle passa la sortie du périphérique et arriva enfin dans les premiers quartiers de la ville.

Le jour s’était enfin lever, découvrant un spectacle encore plus cauchemardesque que ce qu’elle avait déjà vu. Il n’y avait que ruine et désolation partout où ses yeux se posait. Epuisée, elle se permit une petite halte près de ce qui semblait être une ancienne épicerie de proximité. Là, elle avait trouver de quoi se faire un petit déjeuner revigorant. Des fruits secs, un litre de jus d’orange, et des petits pains en sachets individuels. Après cette collation, elle avait regroupé le reste des petits pains et une bouteille d’eau minérale, avant de s’installer un instant sur le fauteuil installé derrière la caisse. Peu à peu, elle avait sombré dans un sommeil léger et avait passés presque trois heures assoupi.

Ce fut en sursaut, qu’elle se réveilla. Dehors tout était toujours aussi mort et immobile. Décidément, ce n’était pas ces derniers évènements qui allaient arranger son sommeil. La bouche pâteuse, elle se leva et refis le tour des rayons. Elle ouvra une nouvelle brique de jus d’orange qu’elle but en parti avant de redéposer le carton au trois quart plein sur une étagère. S’approchant de la sortie, Elena posa les yeux sur un article intéressant. D’un geste, elle attrapa la bouteille de tequila qui lui faisait face et après l’avoir ouvert, elle s’enfila plusieurs gorgés. L’alcool lui brûla légèrement la gorge et quand elle retira le goulot de ses lèvres, elle ne fut prise d’une légère quinte de toux. Examinant l’étiquette, elle vérifia le degré d’alcool du breuvage. 40 degrés, voilà qui pouvait servir. Utilisant, un rouleau de papiers essuies mains, qu’elle imprégna, elle s’appliqua à désinfecter ses coupures. C’était un peu rustique comme méthode, mais elle trouverait mieux plus tard et préférais sentir la tequila, que l’alcool pharmaceutique.

Cette étape effectuée, Elena reprit la route. Manivelle sur l’épaule, un sac plastique contenant ses quelques courses et une bouteille neuve de tequila, elle suivit pendant un long moment une avenue principale, menant vers le centre de la ville. Dans la rue la progression n’était pas plus simple. De plus, ne connaissant pas les lieux, elle ne savait pas vraiment vers où elle allait. Ce qu’elle savait, s’était qu’au loin, vers le centre ville, un long nuage de fumée s’échappait vers le ciel. Peu être le point d’impact d’une bombe, d’un météorite … Enfin c’était sûrement lié à la situation actuelle.

2 Octobre … 14 h 00

Ce ne fut, qu’au bout de deux bonnes heures, qu’elle trouva un indice sur sa position. Devant elle, au coin d’un carrefour en croix, se tenait un panneau toujours dressé. S’approchant de cette signalisation, Elena put lire la direction qu’il indiquait. En lettres noires sur un fond blanc, les mots « Poste de police » y était inscrit. Si des survivants recherchaient de l’aide, certain s’étaient peut être diriger vers là. D’ailleurs pour trouver un tel panneau, la jeune femme ne devait pas être très loin du bâtiment. Prenant alors la direction indiqué, elle partit à la recherche du commissariat.

2 octobre - 14h30 [venant de Hope Town - Gato Blaster]

Depeche-toi, tu n'as plus de temps à perdre

Luka continuait de courir à travers les rues. De jour, il arrivait à mieux se repérer à travers les rues de la ville. Rallier le commissariat serait assez simple, du moins si on faisait abstraction de l'horreur qui défilait devant ses yeux. A chaque coin de rue qu'il empruntait, à chaque détour, ses yeux ne trouvaient que mort et désolation. Les cadaves cotoyaient les gravats des immeubles et des maisons. Les vitrines des boutiques n'étaient plus que poussière.

Ce n'était que plus d'épreuves à son optimisme et son espoir. Mais Luka avait une foi à toute épreuves. Il semblait que rien ne pouvait l'altérer, pas même le souvenir éffroyable du centre ville qu'il avait aperçu depuis le toit du commissariat. Il avait foi.

Sautant par dessus les gravats, les trous dans la chaussée, il se dirigeait ardemment vers le commissariat. Trouverait-il des survivants partit en quête d'une autorité qui ne semblait plus exister ? Y aurait-il eu un changemùent depuis son départ avec wolf la veille ?

Il coupa à droite et se retrouva nez à nez avec l'immense batisse. Au premier abord, rien n'avait changé, du moins, il ne constatait aucun changement. Même l'ambulance dans laquelle on avait trouvé Alice ne semblait pas avoir bouger. Comme si rien ne se passait, comme si le temps s'était figer, comme si plus rien de vivant n'existait.

Apres avoir repris son souffle devant ce spectacle, il se rua dans le commissariat par la grande porte.

Elena n’avait pas connu beaucoup de difficulté avant de trouver le commissariat. Après un avoir marché une dizaine de minutes, elle était tombé nez à nez avec un bâtiment imposant. Sans hésiter, elle avait la certitude que l’immeuble en question était ce qu’elle cherchait. Tout fois, elle fut légèrement déçue sur l’instant. Elle s’était attendue à voir quelques personnes debout, à la recherche de réponses et d’informations que les autorités pouvaient donner, mais aucun signe de vie n’était perceptible.

* Va falloir te faire à l’idée que tu es seule dans ce merdier.*

La jeune femme secoua la tête comme pour tenter de faire sortir cette idée de son esprit. Ce n’était pas possible, il devait forcément y avoir d’autre survivant à cette catastrophe.

Mis à part le commissariat, la rue devant Elena n’avait rien à envier au reste de la ville. Des voitures à l’état d’épave, des immeubles en ruines, des cadavres en nombre … Il y avait même une ambulance. La jeune femme s’avança tout d’abord vers celle-ci dans l’intention de la fouiller à la recherche de médicament ou de tout autres produits médicaux. Cependant, en voyant son état de plus prés elle changea d’avis. Il ne devait sans doute rien y avoir de très utiles dans cette carcasse, et cette fouille serait une nouvelle perte de temps. Elle chercherait plus tard une pharmacie et ce projet lui semblait bien plus judicieux. Ce fut donc vers les portes du poste de police, qu’elle se dirigea ensuite.

Ouvrant la grande porte, elle pénétra dans le hall d’accueil avant que les battants se ferme derrière elle. Elle déposa son sac plastique avec ses quelques vivres sur le comptoir de l’entrée, avant de commencer son exploration. Ici aussi tout était aussi silencieux et mort qu’a l’extérieur. Se grattant la tête, Elena réfléchit par où sa visite allait commencer et en touchant ses cheveux l’idée de trouver une douche dans les vestiaires n’était pas du luxe. Il fallait bien dire, que plusieurs heures dans un fossé et une randonnée dans une ville en ruine n’avait pas aidé à améliorer son aspect. Plutôt crasseuse, les cheveux gras et emmêlé, le visage noircie par la poussière, sentant la tequila et la sueur, elle avait sûrement l’air d’une véritable vagabonde. Même si elle savait que toutes personnes survivantes ne devaient pas avoir un meilleur aspect, l’idée d’une bonne douche était une chose qui allait lui donner un coup de fouet.

Il y avait pourtant une autre priorité. Elena devait pouvoir se défendre. De qui ? De quoi ? Elle l’ignorait, mais avec le temps, elle était persuadée qu’une arme allait lui servir. Sans trop vraiment savoir par où commencer, elle prit une direction au hasard. Elle fouilla ainsi plusieurs bureaux sans y trouver le moindre objet utile. Finalement, elle mit la main sur une veste en cuire marron plutôt usée accroché sur une porte manteau. Dans les poches, il n’y avait rien mis à part des papiers d’identité et une carte de fidélité pour un super marché. Elle laissa tomber au sol la carte et les papiers sans y prêter beaucoup d’intérêt. Ce qui l’intéressait était la veste elle-même. Après un essai, elle constata qu’elle avait eu le nez fin, car le blouson lui allait comme un gant. Au moins, elle avait quelque chose pour recouvrir ses bras et ses épaules, et ceci sans avoir à déshabiller un cadavre. Faire les poches au mort ne la dérangeaient pas mais porter leurs fringues était une chose impensable.

Elena saisit alors la poignée de la porte et ressortit du bureau où elle se trouvait. Se trouvant de nouveau dans le hall, à l’opposée de la grand porte d’entrée, elle se demanda par où elle devait continuer ses recherches. A cet instant, elle sursauta entendant la porte d’entrée s’ouvrir avec fracas. Elle se tourna vivement vers l’entrée ses deux mains tenant sa manivelle comme une batte de baseball. Face à elle, un homme venait d’entrer avec précipitation dans l’immeuble. Elle qui avait cherché des survivant jusqu’à maintenant se sentait mal à laisse devant cette situation. L’homme était armé et tandis qu’elle le fixait d’un regard noire de nombreuse question lui traversait l’esprit. La principale était de savoir si cette personne était un danger ou non. Sans trouver de réponse directe, elle resta immobile et silencieuse, les mains crispées sur son « arme ».

Les portes s'ouvrirent et se refermèrent dans un grand mouvement, en emettant un bruit sourd. Le jeune inspecteur se figea devant un spectacle qu'il avait deja vu en partant du commissariat, tout était immobile et à la même place... Son regard balayait la pièce dans un mouvement rapide, ne pouvant fixer aucun détail nouveau dans ce décor qu'il connaissait par coeur. Sa vision se troubla. Il se frotta les yeux.

Merde, rien n'a changé... ils n'y avaient que nous comme survivant ou quoi? Et maintenant, Luka, tu es tout seul... seul... Et c'est comme ça que tu vas mourrir, seul....

Luka tomba à genoux, toujours les yeux fermé.... et commença à reprendre le pas sur ses émotions. Il ne pouvait pas se laisser submerger par des émotions aussi futile que ça....

Allez, ressaisis-toi, dit-il en frappant le sol de son poing....
L'image de sa famille, heureuse et souriante lui revint alors en mémoire, éffaçant toutes ses peurs et ses appréhensions....

Il se releva, après avoir repris son souffle, et cria :

- Y'a quelqu'un?

Son regard balaya de nouveau la pièce, comme si il s'attendait à voir débouler tout un tas de personne qui crieraient : "surprise!!"
C'est là que son regard découvrit une silhouette, juste devant la porte. Pourquoi il ne l'avait pas vu quand il était arrivé? C'était une jeune femme qui agrppait quelque chose dans ses mains.

-Ca va? lui demanda-t-il

Elena restait crispé sur sa manivelle, alors que l’homme tombait à genoux. Il paraissait à bout de force et avoir le moral encore plus mal en point. Il s’emblait même ne pas avoir vu la jeune femme, comme si celle-ci était invisible, ou peu être que tout ceci était dû la certitude de ne pas croiser quelqu’un en vie. Les mains de la jeune hispanique se desserrèrent légèrement sur son « arme », alors que l’homme frappait le sol comme pour se reprendre, avant de se relever.

[- Y'a quelqu'un ?]

Elena fronça les sourcils sans répondre à la question, regardant à gauche et à droite sans tourner la tête. L’interrogation de l’homme était tellement surprenante qu’elle se demandait si il n’avait pas perdu la raison. Cela ne semblait pas vraiment dénué de sens vis-à-vis de la situation qu’ils vivaient. Puis enfin il vit Elena et s’adressa à elle :

[-Ca va?]

Intérieurement, la jeune femme fut presque amusée à cet instant. Premièrement par la situation. Elle devait avoir l’air aussi folle que cet homme armé de sa manivelle pour crique. Elena avait cherché des survivant et maintenant qu’elle en avait trouvé un voilà qu’elle était prête à lui fracasser le crâne. Le pauvre avait l’air aussi perdu et désorienté qu’elle, ou même encore plus. Deuxièmement par la question banal que venait de lui poser le nouvel arrivant. L’espace de quelques secondes, elle s’imaginait en train de répondre par une phrase du genre :

* Très bien, merci. Comme quelqu’un qui vient de se réveiller au milieu d’un cataclysme. Et vous ça va ? *

Elle se ravisa de prononcer ces mots, et se contenta d’abaisser son outil. Doucement, elle se dirigea vers l’homme. Les bras maintenant le long du corps, la manivelle pendante touchant presque le sol, elle passa près du comptoir et de son sac plastique. Sans arrêter d’avancer vers l’homme, elle attrapa en passant le goulot de la bouteille de tequila et déposa sa manivelle sur une chaise. Elle s’arrêta alors à environs deux mètres de l’homme et ouvra la bouteille avant de la lui tendre.

« Elena Suarez. Enchantée. »

Sa voix avait un léger accent espagnol, mais était surtout relativement grave pour une femme. Son visage était toujours sévère mais son regard était moins noir dorénavant. Elle fit un léger geste avec la bouteille, lui indiquant de la prendre.

« Je crois que se remède ne te fera pas mal. »

La jeune femme sembla se détendre un peu, desserrant son emprise sur l'objet qu'elle tenait dans les mains. Luka se tourna vers la jeune femme à mesure que celle-ci approchait de lui. Elle avait dû être le témoin de son laisser aller.

[« Elena Suarez. Enchantée. »]

Luka reconnut un petit accent dans sa voix. Avant que le jeune homme n'eu le temps de répondre, il se vit tendre une bouteille d'alcool. De la téquila.

[« Je crois que se remède ne te fera pas mal. »]

Jamais Luka n'avait touché une goutte d'alcool, et ce n'est pas maintenant qu'il allait commencé. Trop de mauvais souvenir se rattachait à cette boisson.

- Luka Ever, de même.

Puis d'un geste de la main, il repoussa la bouteille vers la jeune femme.

- Non merci, je ne suis pas malade, dit-il avec un sourire interieur.

Le jeune inspecteur ne trouvait plus ses mots. Que dire dans une telle situation. Pourtant, jamais auparavant il n'avait hésité, trouvant toujours les mots juste à toute situation. Ils avaient survécu à cette catastrophe et ce n'était pas peu...

- Vous allez bien ? Vous êtes seule ?

Luka venait juste de se rendre compte qu'il avait déjà posé cette question. Ses idées s'embrouillaient.

L’homme avait refusé la bouteille d’un geste de la main et Elena se contenta de hausser les épaules. Elle ramena la bouteille vers elle et en bu une gorgée. L’alcool lui brûla légèrement la gorge et elle serra les dents. Cette petite expression fut d’ailleurs la seule que l’inspecteur put voir sur le visage de la jeune femme. Elle se contenta ensuite de refermer la bouteille, pendant que Luka lui posait ses questions. Un court instant, la seul réponse fut un unique balayage des yeux devant elle comme pour vérifier quelque chose, puis enfin elle répondit.

« En considérant les habitants de cette ville que j’ai croisé jusqu’à maintenant, je crois que je peux dire que je vais bien. En tout cas, je suis vivante ce qui est plutôt incroyable par rapport à ce que j’ai vu. »

Elle revoyait les voitures sur le périphérique, les cadavres sur les trottoirs, les corps éparpillés … Elena regretta un moment d’avoir refermé la bouteille.

« Je ne suis pas dans le commissariat depuis longtemps, mais je crois être seul. Vous êtes le premier être vivant que je croise depuis cette catastrophe. J’avais pensé trouver quelques personnes ici, mais je n’ai rien vu avant votre arrivée. »

Elle sortit son paquet de cigarette et en sortit une en tapant sur l’arrière de petite boite en carton.

« Je viens du périphérique … Enfin je veux dire que s’est là bas que je me suis réveillée. Je crois que je suis resté un moment dans les vapes. Depuis l’aube, j’ai tourné en rond avant de finalement me retrouver ici. »

Elle fit un mouvement de la main comme pour montrer le hall, avant d’allumer sa cigarette.

« Et vous ? Vous êtes de cette ville ? Vous savez ce qui s’est passé ? »

Luka regarda la jeune femme, et l'écouta attentivement raconter son aventure. Mais tous ce qu'elle disait ne lui donnait aucun espoir. Personne de vivant...

Puis vint le moment de la question fatidique qu'il attendait.
[« Et vous ? Vous êtes de cette ville ? Vous savez ce qui s’est passé ? »] demanda-t-elle en s'allumant une cigarette.

Ce subtil détail réveilla des souvenirs chez Luka. N'étais-ce pas Wolf qui voulait absolument une cigarette?

"-Moi ? J'ai été muté dans cette ville y'a pas longtemps. Je me suis réveillé hier dans mon bureau au deuxième étage. Mais hélas, je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé ici... Personne ne semble le savoir d'ailleurs. "

Sa voix resta en suspens quelques minutes, comme si il se rendait compte.

"- tout ce que je sais, c'est que je dois retrouver ma femme et mes enfants.... Je me rend à l'hospital, dans le centre-ville.... vous voulez m'accompagner?"

Elena aspira sur sa cigarette puis extirpa la fumée de ses poumons en un filet fin et dans un souffle bruyant.

« Si je comprend bien, vous êtes de la police de cette ville ? En tout cas, sais ce que je comprends quand vous parlez du bureau du second et de mutation. »

La jeune femme retira la cigarette d’entre ses lèvres, une expression songeuse sur le visage. Partir vers l’hôpital ? Peu être l’une des solutions logiques. Si Juan cherchait de l’aide, il était peu être là bas.

« Je vous accompagne. Je cherche moi-même de la famille, mais … Enfin, si j’ai bien suivi l’hôpital est dans le centre ? A en voir, les signes le centre ville parait être le point d’impact de ce qui a déclanché cette apocalypse. Je comprends votre impatience de vous y rendre, mais je crois qu’il serrait bon de bien préparer une telle expédition. A mon avis, en allant vers là bas, les choses vont devenir de plus en plus compliqué et la progression va être très dur. »

Elle tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette, avant de reprendre.

« A ce que je voix vous avez déjà un arsenal, mais bien que ça peu avoir une utilité, je crois pas que c’est le plus utile. Vous avez une corde, des lampes torches, des produits de premiers soins … Enfin en gros plus des outils pour une expédition de secoure. »

Elle laissa sa cigarette tomber sur le sol et l’écrasa du talon.

« Parce que d’après moi. Si il y a des survivants qui attendent des secours, je crois que leur seul espoir s’est nous. Je ne pense pas que quelqu’un d’autre viendra. »

Elena n'avait pas tort, et Luka s'en rendait compte à chaque mot qu'elle prononçait. La réalité le rattrapait peu à peu....
A mesure qu'il avait avancé vers le commissariat, il avait pu voir que le centre ville était toujours dans un sale état....

- Vous avez raison, répondit-il. Mais en venant, je n'ai vu aucune boutique vendant ce genre d'article, et d'ailleurs je ne sais pas où on pourrait trouver cela. En tout cas, la réserve du commissariat ne contenait que ce que j'ai pris, pas de corde, de lampe ou autre trousse de soin...

Luka se mit à réfléchir, à penser à tout les endroits qu'il connaissait, mais rien ne lui venait en tête. Puis d'un coup, le souvenir d'Alice lui revint en mémoire, ainsi que l'ambulance devant le commissariat. L'inspecteur ne se souvient plus si ils avaient fouillé le véhicule en recherche de quelques trousses de soin, mais il y avait peut-etre encore des objet de premiers secours.

- J'y pense, devant le commissariat se trouve une ambulance. Il y aura sans doute quelque chose qu'on pourra récupérer. Ensuite, je ferai route vers le centre ville. Sur le chemin, il y aura surement une boutique que l'on pourra dévaliser, dit-il avec humour.

Tenez bons, j'arrive, se dit-il

Puis il regarda la jeune femme dans l'attente d'une réaction.

Luka attendait une réponse, ou du moins s’est ce que son regard semblait dire. Chercher un magasin sur la route ? Partir au plus vite, paraissait être la priorité de l’homme, mais aller là-bas sans y être préparé était une chose qui pouvait vite se compliquer, d’après Elena.

« L’ambulance … ? Oui, peut être. »

A ce qu’elle avait vu du véhicule, il ne devait plus avoir énormément de chose à récupérer.

« Si ici, il n’y a plus rien. Je pense que le meilleur endroit où on aurait la chance de trouver ce qu’il faut serait la caserne de pompier. Enfin, si le bâtiment est toujours debout et selon où il se trouve. »

Elena sortit une nouvelle fois une cigarette. Décidément, elle qui devait arrêter il y a peu, la résolution avait disparut avec l’explosion.

« Et puis je crois que nous devrions laisser un message ici. Si personnes viennent ici, un message pourrait au moins montrer qu’ils ne sont pas seul…. Et puis, vous comme moi cherchons du monde. Il serrait dommage qu’il passe ici en notre absence. »

Allumant sa cigarette, elle vit sa main qui tremblait. Elle garda son regard fixé sur ses doigts comme si elle était surprise de voir un tel mouvement. D’un coup sec, elle ferma sa main et se dirigea vers une table.

« On pourrait graver quelque chose sur ce meuble et le placer bien visible près de l’entrée. Après, on pourra toujours aller voir l’ambulance. Je crois que la situation n’est pas précoce à nous précipiter … là-bas. »

Elena fit un geste vague de la main vers la direction qu’elle supposait être le centre de la ville.

La réponse d'Elena redonna un second souffle à Luka. Au moins, il ne sera pas seul à affronter le centre ville. même si il était décidé à s'y rendre, le fait qu'Elena vienne avec lui le rassurait d'une certaine manière. Qui sait ce qu'ils allaient découvrir la-bas...

La jeune femme mentionna la caserne des pompiers et l'inspecteur se demanda pourquoi il n'y avait pas pensé lui même. Sauf que dans ce chaos, il ne se souvenait même plus ou elle se trouvait, même si il y avait déjà été plusieurs fois. Et tout en pensant à la caserne, Elena continuait de parler.

Graver quelque chose, oui pourquoi pas.... après tout, il y avait surement d'autre survivants.....

Luka se précipita derrière le comptoir d'acceuil, ou du moins ce qu'il en restait, et se mit à fouiller dans les papier. Puis il regarda Elena, qui attendait à coté de la table. Il plongea alors la main dans sa poche pour en sortir un couteau, puis le lança à la jeune femme.

- vous y arriverez ? Rappellez vous le temps du lycée, lui dit-il en souriant

Elena se força à sourire un peu, un luxe rare en ces circonstances. Puis elle s’agenouilla face au meuble, cigarette au bec, le poignard restant en suspens.
Ecrire oui, mais quoi ?
A l’époque, elle aurait mis une bêtise sur la prof, mais là… "le commissaire sent la crevette" ne s’imposait pas vraiment !
Quelque chose qui rassurerait les gens peut-être.

- « "Vous n’êtes pas seuls" ? » Proposa-t-elle à Luka.

Et qui les inviterait à se rassembler.

- « On peut aussi donner un rendez-vous ? Et on signe… A moins que vous ayez une autre idée ? »

Luka remuait tout dans le bureau. Il cherchait en priorité une carte, ou tout autre chose qui pouvait s'avérer utile dans une telle occasion. Il devait se dépêcher. Sa femme et ses enfants l'attendait surement, là dehors. Mais par où commencer les recherches.

Il doit bien y avoir une carte dans ce bureau, c'est obligé qu'il y en est une ici. Si j'avais été plus attentif, je saurai où se trouve l'école et l'hôpital.... par où commencer mes recherches?

Interrompu dans ses recherche par Elena, il leva un moment les yeux pour la regarder, et lui répondit.

- oui, vous n'êtes pas seul, c'est sympa. Maintenant, un lieu de rendez-vous, il faudrait connaître un endroit sûr, et en ce moment, je crois bien qu'aucun endroit n'est sûr.

Luka ne pouvait mettre l’accueil du commissariat plus sens dessus dessous qu’il n’était. Tout avait volé avec le souffle de l’explosion.
Mais l’inspecteur n’eut aucun mal à trouver une carte de la ville. Bien qu’elle soit recouverte d’une épaisse couche de poussière et de plâtre, il y en avait une épinglée au mur, juste à côté d’un poster : « Gardien de la paix, Un métier d’avenir ».

Pourtant, le fonctionnaire de garde reposait maintenant au pied du mur. Une longue traînée de sang verticale avait coulé entre le lieu d’impact et le corps affaissé. Il avait dû être projeté avec une violence inouïe.
Encore un collègue, quelqu’un qu’il connaissait, qu’il saluait tous les matins, fauché en pleine jeunesse, dans le noble exercice de ses fonctions… Cette explosion n’avait vraiment épargné personne. Ce n’était pas de très bon augure pour la suite.

Luka repéra fébrilement sur la carte les points qui l’intéressaient. Comme tout ce qui concernait l’éducation, l’école se trouvait aux abords du grand campus de l’Agora School. Tandis que l’hôpital où travaillait son épouse était en centre-ville : l’hôpital Miséricorde… Luka Ever ne pouvait plus qu’espérer que le ciel en fasse preuve avec lui !

Dans ses recherches parmi les papiers du guichet, Luka aperçut pêle-mêle divers formulaires administratifs, des déclarations de perte ou vol, des demandes de permis, des dépôts de plaintes, plusieurs souches de carnets de procès-verbaux, et enfin le grand cahier A3 dans lequel ils consignaient toutes les mains courantes.

Puis il entendit le meuble poussé par Elena qui raclait sur le sol. Elle avait fini de graver. Elle fit basculer la table pour la placer bien en évidence à l’entrée.

- « Voilà. C’est fait. Quand vous voulez. »

Elle écrasa sa cigarette sur un coin de la table ; elle était prête à affronter l’inconnu. Quel qu’il soit.
Si le policier recherchait sa famille, elle était bien placée pour comprendre sa motivation. Son frère devait bien être quelque part aussi. Mais où ? Alors, commencer les recherches là ou ailleurs…

Luka fut absorbé par la carte ce qui l'aida pour faire abstraction du corps gisant à ses pieds. Le plus judicieux, c'était d'aller à l'Agora, qui se situait au nord du commissariat puis de rentrer dans le centre pour aller jusqu'à l'hôpital. Un rapide coup d'œil sur le bureau lui permis d'apercevoir le cahier des mains courantes. Il se demanda si quelque chose avait pu être rapporté et qui expliquerai cet incident apocalyptique. Il attrapa le cahier, quand il fut appelé par Elena.

-C'est bon, on peut y aller... Je dois passer à l'école qui est à quelques rues d'ici vers le nord.

Tout en disant cela, il mis le cahier dans son sac et se mis en marche vers les portes brisées du hall.

- « Ah, nous n’allons plus au centre ? Très bien, ça me va. »

Ce n'était pas plus mal à son goût. Elena n’était pas pressée de plonger dans le nuage, dans l’inconnu. Pas sans préparation en tout cas. Qui sait ce qui était arrivé, ce qu'il y avait là-bas ?
Elle allait emboîter le pas à Luka, mais s’arrêta net.

- « Euh… excusez-moi mais… vous pensez que je pourrais avoir une arme, ici ? Avant de partir ? »

Elle était un peu gênée de demander ça à un policier. Elena savait bien que la loi ne l’y autorisait pas du tout. Sans compter ses origines étrangères qui pouvaient jouer en sa défaveur… Tout dépendait à qui elle avait affaire.
Elle comptait néanmoins sur son sérieux naturel pour obtenir un accord. Elle affichait une certaine rigueur, mais l’inspecteur lui ferait-il confiance ? Avait-il vu sa main trembler ?
Au fond, la même question se posait pour eux deux : à qui ai-je affaire ?

[« Ah, nous n’allons plus au centre ? Très bien, ça me va. »]

- L'hôpital n'est que la destination suivante, l'école est plus proche.


[« Euh… excusez-moi mais… vous pensez que je pourrais avoir une arme, ici ? Avant de partir ? »]

Luka regarda alors son interlocutrice. Une arme. L'inspecteur réfléchit un instant. La ville était surement devenu un endroit dangereux qui sait ce qu'ils allaient trouver en dehors des murs, ou même à l'intérieur. Elena devait pouvoir se défendre en cas de problème, mais était-elle digne de confiance. Lukaa avait-il vraiment le choix?

Il se pourrait que grâce à cette arme, Elena lui sauve la vie, ou peut-etre l'inverse.

D'une main, il attrapa le beretta à sa ceinture, et d'un mouvement lent et hésitant, il le tendit à Elena.

- Pas de coup foireux, hein? sourit-il. Vous savez vous servir de ça?

Elena attrapa prestement l’automatique et hocha la tête. Elle n’était pas très démonstrative, mais néanmoins contente qu’il lui fasse confiance.

- « Merci... Affirmatif. », dit-elle en réponse à sa dernière question.

Avec une rigueur toute militaire, Elena préférait le geste à la parole. Elle éjecta le chargeur, en vérifia le contenu et le replaça d’un coup sec avant de viser un point dans le lointain. La position était bonne, le geste sûr. Nul doute qu’elle avait déjà tenu une arme.
Et puisqu’il lui accordait cette confiance, la jeune femme décida de se confier un peu.

- « J’ai servi dans l’armée, vous savez. Cinq ans au 35ème Régiment d’infanterie. Ca laisse des traces... »

Elle avait plus souvent manié le fusil d’assaut, mais un simple Beretta devrait suffire ici. Ce n’était tout de même pas la guerre… Enfin, elle l’espérait.
Rangeant le pistolet, elle passa à son tour les portes disparues du commissariat.

- « Va pour l’école. Je vous suis. »

Ils laissaient derrière eux une table renversée sur le côté, bien en évidence à l’entrée du commissariat. On pouvait y lire, gravé au couteau dans le bois :
"Vous n’êtes pas seuls."
Quant à savoir si c’était vraiment rassurant…




[Vers : Reggaeton ou Phlégéton ? – 16H30 ]