Ya baleine sous gravier...

Dans ma tête une vieille mélodie entendu je ne sais où résonne:
-"Ma mère m'a dit, Antoine, fais-toi couper les cheveux, Je lui ai dit, ma mère, dans vingt ans si tu veux. Je ne les garde pas pour me faire remarquer, Ni parce que je trouve ça beau, Mais parce que ça me plaît". Ouin Ouin OuinOuinOUinOuiiiiin OUin OuinOuinOuinOUin! Oh Yeah!

Dire que je les aimais bien moi mes cheveux. Mi-long et brun, juste ce qu'il faut pour avoir la classe sans se coiffer le matin, ou encore avec une casquette visée sur le crâne, les méches qui se font la malle à gauche, à droite. Mais non. Ma mère n'aime pas, ça fait une tête de rebelle, je peux attraper des poux, j'aurai jamais de boulot. La vérité c'est qu'elle à la honte.
Selon elle j'aurai les defauts de mon père et les qualités de ma mère. Vu que tout le monde dit que je suis le portrait craché de mon paternel, je vais pas chercher bien loin. Arreté pour braquage alors que je marchais encore à quatres pattes, il s'était suicidé dans sa cellule, pendu avec ses chaussettes. De lui je n'ai que des photos.
Enfin bref, en bonne maîtresse de maison, ce matin, sans prevenir, elle m'a empoigné la tignasse et a passé un coup de tondeuse en plein milieu... La carne! En plein milieu de ma grasse mat'! Je lui gueule dessus, j'hurle à l'attentat. Je m'habille à l'arrache, choppe mon sac et ma planche, claque les portes et je file chez le coiffeur essayer d'arranger les choses pour ressortir un quart d'heure après avec une coupe de militaire.
P'tain mes cheveux! J'le sens d'ici tout le monde va se foutre de ma gueule. Jules Cypher, 21 ans scalpé par sa mère...
Monté sur mon skate, le MP3 a fond dans les oreilles je fonce en direction de la piaule de Maxime. Comme moi il n'aime pas les cours de ce matin donc j'ai toutes les chances de le trouver chez lui. En chemin je pense au carnage de ce matin. Encore les voisines qui ont dû bourrer le mou à ma mère, en prenant pour exemples leurs trous du cul de fistons dans leurs ensembles et leurs coupes gomminées. Fait chier, merde!
Arrivé devant chez Maxime je le bip et cinq minutes après il rapplique avec mon billet de vol. Pour trente euros je vais pouvoir aller là où personne n'est jamais allé. Et ça, ça biche!

Vingt minutes après, quelques grinds, flips, ollies et gamelles plus tard je me retrouve dans mon petit coin peinard sur un versant de colline d'où je domine toute la ville.
Je me pose, retire mes éthnies et déballe le matos. Les gestes tellement répétés se font mécaniques, et en quelques instant je sens mon billet de vol qui me coule dans les veines en esperant que ça ne soit pas un aller simple. Machinalement mes doigts glissent sur mon bras et comme un aveugle lisant du braille, au fil des cicatrices que je frôle je revis mes deux tentatives de suicides, sur mes genoux je revois les chutes de skate et de BMX. Puis mes yeux déjà vague se posent sur mon avant bras gauche et le tatouage fait avec Max il y a à peine trois mois et demi. Et enfin, je décolle...


... Pour me retrouver dans un putain de cauchemard! Ouah! C'est quoi cette came?
Sous mes yeux la ville est dévastée, je suis certain que je ne suis plus défoncé. Pour couronner le tout il y a un machin qui m'est tombé sur la gueule et je pisse le sang, c'est décidement pas mon jour. Nan mais j'haluss! C'est quoi ce délire?
Obligé il y a baleine sous gravier...