C'était pourtant bien parti ...

Ecole Nationale des Officiers d'Active, Epsilon
1 Octobre 2006, 4 heures du matin :

"_ Allez, debout bande de larves ! Fini de roupiller, nom de Dieu !"

L'Adjudant-Chef Verrières, notre instructeur .. qui avait visiblement décidé de nous faire une petite surprise. LeGoff et moi étions dans la même chambre, et nous nous levons rapidement, nous regardant étonnés et encore surpris de ce réveil en fanfare.

"_ Vous avez 5 minutes pour vous habiller, et ramener vot' cul sur la place d'armes avec équipement individuel, y compris arme de dotation ! C'est parti !"

LeGoff et moi nous nous éxécutons, un sourire aux lèvres. Depuis trois ans on commence a être rodés ! On enfile notre treillis rapidement, nous sautons dans nos rangers, nous nous équipons et nous dirigeons en courant vers la place d'armes de l'Ecole, sautant les marches de l'escalier qui nous sépare cinq par cinq, manquant de nous casser quelque chose à chaque fois. On se met au rapport, devant l'Adjudant-Chef qui regarde sa montre impatiemment. Nous sommes dans les temps, et il ne peut nous faire de remarques. Au lieu de ça, il nous intime l'ordre, toujours de sa voix des plus charmantes, de grimper dans un camion de 5 tonnes complètement bâché, dans lequel nous voyons rien de ce qui se passe à l'extérieur.

Nous grimpons, l'Adjudant-Chef à nos trousses. Le camion démarre, toussote, vibre de tous les côtés et se met finalement en route. Verrières s'adresse à nous.

"_ Ok, les gars. Pour aujourd'hui, exercice d'entraînement commando. Le scénario est simple : s'échapper et s'évader. Vous serez lâché quelque part, n'importe ou et vous devrez rejoindre ce point la pour l'extraction."

Il nous montre un point sur la carte. LeGoff et moi-même prenons les coordonnées et le reportons sur nos cartes.

"_ Pour l'instant, ca peut paraître simple, mmh ? Figurez-vous que vous aurez comme adversaires le reste de la compagnie qui a, elle, pour mission de vous retrouver et de vous capturer. A vous de vous faire petit, messieurs !" conclut-il.

Après avoir roulé pendant une petite heure, le camion s'arrêta et nous fûmes virés du camion à coup de coups de pieds au cul. Merci mon adjudant-chef ! Je regarde ma montre, il est 05.30 et le soleil ne s'est pas encore levé, même s'il commence à pointer à l'horizon. Première chose, nous nous devons de faire le point, et nous déterminons, tant bien que mal, notre position sur la carte. L'objectif que nous devons atteindre est à une vingtaine de kilomètres; à vol d'oiseau.

LeGoff constate, à juste raison d'ailleurs, que nous devrions faire un détour, car "l'ennemi" doit nous attendre usr la route directe. Nous décidons donc de prendre un détour, contournant ainsi la route directe, et passer par des bois plus touffus, eplus denses, donc plus difficiles d'accès. Notre progression sera lente, et notre trajet mesurera ainsi une trentaine de kilomètres. Une petite marche en perspective, donc.

Nous marchons lentement, discrètement, et à chaque mouvement suspect, nous nous aplatissons, nous nous jetons par terre. A midi, nous faisons une courte pause pour nous restaurer. Nous n'avons rencontré personne pour le moment, LeGoff a trouvé le bon plan. A 15.00, nous décidons de faire une pause afin d'observer l'éclipse. LeGoff préfere monter dans un arbre, soit.

Sauf qu'au lieu du noir complet, une lumière aveuglante, puis de nouveau le noir ... plus rien.

J'étais dans les vappes pour ce coup-là, complètement sonné. Lorsque je me suis relevé, réveillé, il faisait encore noir .. je devais être mort .... Je regarde autour de moi, je me sens dégueulasse. Je me passe la main sur mon visage .. du sang. Merde .... Je me relève et je chancelle, tombant dans un amas de débris, de bouts de bois, de troncs, de feuille. Je me relève, m'aidant d'un tronc à proximité. J'ai toujours mon arme sur moi. J'avance de quelques pas, et je heurte quelque chose au sol ... quelque chose de mou.

"_ LeGoff ?!"

Merde ! Je me jette à terre, et je tente de le réveiller, lui mettant des claques.

"_ Allez, réveille-toi, vieux ! Fini de roupiller !"

Aucune réaction. Je prends son pouls, comme on m'a appris à le faire, durant les formations de secourisme. Plus rien. Calme plat. Il est mort.... Non ! Je n'y crois pas .. je commence à lui faire un massage cardiaque, puis du bouche à bouche. Allez réveille toi, petit con, finie la comédie !

Au bout de dix minutes, ou plus, je ne sais plus .. toujours aucune réaction, je m'arrête. Je sens une larme venir à mes yeux. Nom de Dieu ... c'était quoi ce bordel ? Je regarde ma carte, je ne suis plus qu'à deux kilomètres du point d'extraction. JE porte la main à la radio, et entame un appel au secours. Personne ne répond. Je laisse LeGoff derrière moi, ayant pris au préalable son armement, et lui ayant recouvert le visage de la veste de son treillis.

Je pars en courant, trébuchant de nombreuses fois, avant d'arriver enfin, au bout d'une demie-heure, à la zone d'extraction ... complètement dévastée. Aucun survivant, que des cadavres qui jonchent le corps. Il manque même des membres à certains d'entre eux. Mais qu'est ce qui s'était passé, enfin ? Des véhicules sont retournés, des tentes envolées ... je cherche une radio .. pas le moindre message sur les ondes.

Mon instinct reprend le dessus, je prend la peine, le soir, d'enterrer tout le monde. Il est deux heures du matin, et à l'aide du dernier véhicule disponible, une petite jeep, je prendrai la route demain vers Epsilon, tâchant de retrouver quelqu'un .. ou des explications.
Je me réveille tôt, et embarque dans la petite jeep, prenant le plus de munitions, de nourriture et d'eau avec moi, ainsi que du carburant. Je prends la route d'Epsilon ... les dés étaient jetés....