Gato Blaster

‘Il faut vraiment tout faire ici !’, pensa-t-il sans vraiment se formaliser. Il s’exécuta en réprimant une petite moue d’agacement. Une fois encore, il réalisait combien il était loin du bon père de famille. Sans doute aurait-il dû se douter de l’inexpérience de la petite. Une mère digne de ce nom ne l’aurait sûrement pas laissée s’en occuper seule ; mais c’était précisément en matière d’éducation que le vieux célibataire avait tout à apprendre. Cela faisait quoi ? Une bonne douzaine d’années qu’il vivait sans femme ni enfant…
‘Et me voilà réduit à jouer les papas poule en pleine fin du monde. Déjà que j’ai adopté Luka au commissariat… Je vais devoir demander une carte famille nombreuse si ça continue !’

Quand leur mini chef, très appliqué, eut terminé ses empilements d’ingrédients, Wolf jeta dans la poêle une bonne quantité de beurre, suffisamment pour boucher les artères de tout un régiment. L’excès de cholestérol était bien le dernier de ses soucis !
Les croques en rissolant dégagèrent une odeur à réveiller les papilles les plus insensibles. La faim les tenaillait tous trois, malgré la situation morbide qui les accablait.
Un œuf vint parachever chacun des stupas grillés. Trois petits monuments qui n’engageaient guère au détachement des sens…
Ils déjeunèrent de bon cœur, dernière friandise avant les efforts à venir.

Rassasiés, ils étaient prêts à reprendre la route. Les vivres restantes furent réparties en trois sacs. Il allait falloir mettre Alice à contribution.

- « Tiens. Tu vas devoir faire un petit effort. Pour la bonne cause. C’est peut-être un peu lourd pour toi, mais on est déjà bien chargés. J’espère qu’on pourra mettre tout ça dans le coffre de la voiture que j’ai aperçue. C’est juste au bout de la rue. »

Sur le trottoir, Wolf scruta les environs aux jumelles, à l’affût du moindre mouvement, du plus petit indice de présence. Aucune fenêtre, aucun recoin n’échappa à son observation minutieuse. Fidèle à sa nature soupçonneuse, encouragée par des années de cavale et d’infiltration en terrain hostile.
Le véhicule jaune semblait attendre des clients improbables. Le chauffeur était toujours au volant.

Puis l’ancien commando s’engagea dans la rue, son fusil bien calé à l’horizontale, pour mieux balayer l’espace alentour.
Wolf progressait à pas de loup, tous les sens en éveil. Un inexplicable picotement lui titillait la nuque. Comme si chaque poil se hérissait en prévision… d’un danger ?
Sans se retourner, il demanda à Luka de couvrir la direction opposée.

- « Inspecteur… je compte sur toi pour inspecter nos arrières. »

La fillette entre eux deux, ils avançaient lentement, leur regard bondissant d’un point à l’autre, à 360°. Les canons des deux armes ne cessaient leur ballet oscillant… prêts à cracher le feu !

Cassie essaya le sac de bonne grâce mais ronchonna en éprouvant sa lourdeur. Elle jeta un mauvais oeil à Wolfy, il avait du y mettre des cailloux pour qu'il soit si lourd, ce serait bien le genre de farce qu'il pourrait faire ce vieux pirate rusé. Si c'était le cas, elle se vengerait, à ça oui alors ! Et comment !

Elle était à nouveau coincée entre les deux hommes jouant à la guerre, en fait, ils n'avaient pas beaucoup grandi par rapport aux enfants de sa classe. Ils avaient juste troqué les bouts de bois contre des armes dite d'adulte mais le jeu était le même : parcourir les rues à chasser le vent. C'était d'un ennui mais au moins le rythme de marche lui convenait, avec leurs grandes cannes ils faisaient un pas normal lorsqu'elle en faisait deux mais là elle arrivait à suivre.

Elle bailla à s'en rompre la mâchoire et rougit lorsqu'elle réalisa qu'elle s'était sûrement faite remarquée. Elle espérait qu'ils trouveraient rapidement de quoi les occuper, c'était peut-être même ça qui avait tué tous ces gens : l'ennui ! Que ce soit le leur ou celui d'autres, ceux qui restaient n'étaient peut-être que ceux possédant en ardent vouloir de vivre. Elle n'y connaissait pas grand chose mais beaucoup de gens ne faisait que se plaindre et vouloir mieux, ils pourraient correspondre au nombre de mort, c'était plausible... ouais, si c'était ça alors tous les survivants devaient être extraordinaire à rencontrer.

Une lueur brillante éclaira le regard morose de Cassie. Elle ne s'ennuyait plus, elle aussi scrutait les rues autour d'eux, pas à la recherche du danger mais en quête de la richesse de l'inconnu.

Arrivés à hauteur du véhicule, ils jetèrent un œil à l’intérieur, de la banquette arrière au chauffeur affalé sur le volant. Wolf voulut prendre son pouls, mais le visage émacié lui renvoya un tel regard vitreux que ce fut inutile.
Avec le plus de considération possible, il dégagea le corps roide et glacé de son siège. Pour l’installer sur le trottoir. Ici, on ne pouvait plus espérer aucun sacrement… Wolf se contenta de lui fermer les yeux, qui contemplaient depuis trop longtemps déjà un ciel sombre et muet !

Les clés de contact étaient toujours à leur place. Un quart de tour à droite ne provoqua qu’un douloureux hoquet. Le moteur sembla vouloir recracher le trop-plein de kilomètres avalés !
Ou juste un chat resté en travers de la gorge ?
Wolf allait devoir s’improviser mécanicien. Puisque Luka avait d’ores et déjà annoncé la couleur : il n’y connaissait rien en voitures.
Celle-ci n’avait pas subi de dégâts majeurs. Les pneus étaient en état. Seul le pare-choc portait trace de la collision survenue à la mort du chauffeur.
Libérant le capot depuis le tableau de bord, il alla ensuite se plonger dans les entrailles métalliques de l’engin récalcitrant. Il n’avait pas franchement été initié aux arcanes de la mécanique. Mais un peu de bon sens suffirait peut-être.
Tout paraissait bien en place. Alors il retourna vérifier les commandes. Les phares auraient du être allumés ! Et la loupiote restait également éteinte à l’ouverture des portières. C’était donc un problème de batterie.
Sans doute avait-on allumé les phares pendant l’éclipse, juste avant d’être précipité dans les ténèbres éternelles – où le seul phare qui vaille est au bout d’un tunnel, dit-on…
Mais voilà. En ce monde bassement terrestre, nos énergies se dissipent plus vite qu’une brume matinale. Et nos vestiges d’humanité s’amenuisent avec la rosée…

Wolf s’attaqua aux autres véhicules garés non loin, brisant quelques vitres et soulevant d’autres capots… jusqu’à trouver une batterie compatible. Certaines étaient universelles.
Mais pouvait-on encore parler de vol et de déprédations dans le contexte actuel ?

Ayant remplacé l’élément défectueux, il invita ses compagnons à prendre place, libérant le siège passager du journal qui l’occupait. Le vieux taxi frémit deux, trois fois, à chaque tour de clé, et soudain se mit à ronronner, sous les impulsions répétées de son nouveau maître !

- « C’est bon. La greffe a réussi. En route ! » - ‘Vers l’infini et au-delà…’

La route s’offrait à eux, encombrée de carcasses et de débris déposés par le souffle. Mais c’était la seule voie pour quitter la ville, le chemin de la liberté !
C’était aussi par là qu’on y retournait…

Un cd émergeait de l’autoradio, juste au-dessus de la radio proprement dite, réglée sur la fréquence des taxis.
‘Voilà qui pourrait être très utile, si je peux parcourir les autres fréquences.’
Il avait encore en tête celles couramment utilisées par la police et l’armée.

En attendant, il regarda de quel cd il s’agissait. C’était une compil de tubes de l’été 2006 !
Dès son introduction, la sono se mit à cracher du Benny Benassi, Who’s your Daddy ?
‘Décidément !’

Et, un bras accoudé à la portière, Wolf démarra tout en hochant la tête en rythme…

Tandis que Wolf avait la tête sous le capot de la voiture, Cassie fut attirée par un petit grognement venant d'une porte à quelques mètres de là

Cassie s'ennuyait depuis qu'ils ne bougeaient plus à tourner en rond autour des carcasses de métal. Le grognement la fit bondir sur ses pieds et elle profita que Wolf se faisait manger par la voiture et de l'inattention de Luka pour filer dans sa direction sans un bruit en délaissant le fardeau imposé par ses tortionnaires derrière elle.

Lorsqu'elle vit le gros minet coincé par la porte, un sourire illumina son visage et elle accourue à son secours.

- Coucou monsieur le chat.

Elle jeta un regard malicieux à l'entourage avant de reprendre la conversation.

- Moi c'est Cassie enfin Alice maintenant mais chut ! C'est un secret. Tu me laisses t'aider ?

Elle plongea son regard dans le sien passant ses petites mains de chaque côté de la bestiole sans prendre garde aux morsures, elle n'avait pas peur, c'était comme un gros chat, en plus pelucheux. Elle lui tripatouilla la fourrure, ignorant les protestations ou lui prodiguant de douces remontrances avant de réussir à le sortir en tombant sur les fesses l'animal sur elle. Cassie partie d'un rire enfantin incontrôlé peignant de lumière le décor sinistre.

- Monsieur le chat vous m'écrasez !

Elle aimait cette situation et ne le lâcha pas vraiment, juste de quoi se chamailler avec lui dans un raffut bruyant à essayer de se dégager de ses bras.

‘Mais qu’est-ce qu’ils foutent ?!’

- « Bon, vous montez ou quoi ? »

Quand soudain, un petit rire cristallin vint s’insinuer dans le beat martelé du morceau. Mais cet arrangement inattendu ne provenait pas de l’autoradio. Du dehors plutôt.
Le sourcil froncé, Wolf sortit la tête par la portière… pour découvrir la gamine au sol, aux prises avec une bête !

‘Encore un chat ? … Bon sang ! Cette fois, c’est un putain de tigre qu’elle a déniché !’

Et un tigre blanc, en plus, à en juger par la robe insolite du jeune animal.
Finalement, son instinct de ne l’avait pas trompé. Il y avait bien une autre présence à proximité. Il sortit et tourna sur lui-même, toujours l’arme à la main, espérant de toutes ses forces que la mère n’allait pas débarquer… Parce qu’alors, trancher la queue du félin ne suffirait sans doute pas à la repousser.
D’emblée, Wolf repéra dans quel sens soufflait le vent. Le tigre était un rusé prédateur. Il viendrait du sens opposé… En remontant le vent, on évitait de laisser son odeur trahir sa venue.

Mais si le taux de mortalité était le même pour les animaux que pour les humains, il y avait peu de chances que la femelle ait survécu… A moins qu’il y ait un truc bizarre avec les félins ?
Et pourquoi n’avaient-ils pas croisé un seul chien ? Wolf serait-il le dernier représentant de l’espèce canine ?!

- « Euh… Alice ? Celui-là, c’est le modèle au-dessus de Griffe. Fais attention à toi. »

Les enfants ont souvent une inébranlable foi en leur propre chance, en leur invulnérabilité. C’est pourquoi on passe trop de temps à les mettre en garde, contre des dangers qu’ils préfèreront de toute façon provoquer, pour défier l’autorité, et pour mieux s’éprouver.
Alors, autant qu’elle fasse son expérience par elle-même. Une petite leçon ne pouvait pas faire de mal… Ou bien si ?

- « Qu’est-ce tu comptes faire de ce gros matou ? Sa maman doit le chercher… si elle est en vie. Et lui communiquer ton odeur diminue plutôt ses chances de survie. »

Les fauves n’apprécient guère l’odeur humaine sur leurs enfants !
Le même dilemme se posait à nouveau : Adoption ou libération ? Protection ou indépendance ?
Il faudrait le nourrir, le surveiller, éviter ses parents…
Sauf que dans quelques mois, ce bébé adopté pourrait arracher la tête d’Alice d’un seul coup de patte…
Tout ça pour finir bouffé par Tigrou !!

- Il est gentil et nous ne pouvons pas le laisser là. Si ça maman est ici on va lui rendre ! Mon odeur ne lui diminuera pas plus ses chances de survivre qu'en le laissant se débrouiller tout seul.

Cassie était vexée, bien entendu elle n'avait pas pu prendre de douche mais insinuer qu'elle attentait à la vie du gros minou juste par son parfum c'était dur à avaler, il ne s'était pas vu le vieux barbu, avec tout ses poils il devait sentir bien plus le frelaté qu'elle.

Elle s'esquiva de la prise joueuse du félin mais le garda près d'elle du mieux qu'elle pu en le flattant de caresses et gratouilles.

- Il doit avoir faim, il doit y avoir ce qu'il faut dans les bagages... mmm... comment pourrait-on l'appeler ?

- « Lui rendre ? Ben voyons…»

Il secoua la tête, navré par tant d’inconscience enfantine, et jeta de nouveau un regard alentour, en s’attardant sur les points permettant d’attaquer depuis une hauteur.

‘Il vaudrait mieux qu’elle ne pointe pas le bout de ses moustaches, ou je vais m’en faire une belle descente de lit ! ‘
Quelque part, une demi tonne de muscles, de fourrure et de dents rôdait peut-être, à l’affût. La chasse était-elle lancée ? Et qui serait la proie ?
‘Safari !’, comme disaient certains de ses hommes de troupes. Ceux qui se rasaient le crâne avec application, comme une fille de joie se maquille. Des nostalgiques de l’esprit conquérant de l’Afrika Korps, qui frémissaient d’excitation virile à la seule mention du nom de Rommel …
Wolf ne les avait jamais aimés ! Il en avait envoyé plus d’un à l’assaut d’une position ennemie embusquée. Puisqu’ils confondaient volontiers les trois couleurs avec le rouge et le noir, revenir enveloppé dans un drapeau leur rafraîchirait assez la mémoire !! Et dans le cas d’un certain officier supérieur, Wolf avait bien prouvé en quelle estime il tenait ses idées…
Les chars Tigres et Panthères n’avaient que trop longtemps imposé leur loi sur les champs de bataille. Aujourd’hui, s’il le fallait, il exploserait le tigre blanc, comme on se débarrasse d’un aryen trop envahissant.

- « Pour un nom de félin, j’ai déjà donné mon avis. Mais tu peux raccourcir en Junior. »

A ses yeux, il avait tout d’un bébé Schrödinger - le chat de la fameuse expérience, illustrant la notion d’information en physique quantique. Comme ce chat théorique, enfermé dans une boîte avec un matériau radioactif, le tigre adulte pouvait être là ou pas, vivant ou non. Toutes les options restaient possibles. Impossible de le savoir avant de l’avoir vu, avant d’avoir regardé dans la boîte. Et dès ce moment, il deviendrait trop tard. Une seule option pourrait apparaître.
Mais sera-ce vraiment la réalité, ou juste la faiblesse de notre perception ?

- « Par contre, il est hors de question de puiser dans des ressources déjà limitées pour nourrir ton familier ! On sait même pas combien de temps on va devoir tenir. »

‘Voilà ; ça y est ! Je savais bien que la gamine allait finir par nous faire un caprice. Un chat noir miteux pouvait pas lui suffire ! Il a fallu qu’elle nous dégotte un fauve en liberté.’
Il pointa le canon de son arme quelques instants vers l’animal, paraissant hésiter à l’abattre sur place… Histoire de régler définitivement le problème.
Le gros chaton joueur releva de grands yeux bleus vers un Blixen interdit.

‘En même temps, c’est vrai qu’il est mignon…’

Et d’ajouter sur un ton définitif :

- « Il devra attendre qu’on ait suffisamment de provisions. »

Puis, renouant d’avec sa mordante ironie :

- « Au fait, je ne sais plus qui me disait récemment : On ne peut pas adopter un chat, ce sont eux qui nous adoptent. Tu connais cette personne pleine de sagesse ? »

Cassie fit la moue, il ne comprenait pas ou alors il aimait se payer sa tête. Faut dire qu'il avait l'allure de l'emploi pour incarner la mauvaise conscience, par contre pour la bonne... Cassie l'imagine en couche et cerceau en couvre-chef et son humeur changea radicalement et pouffa de rire.

- Je ne crois pas qu'il ait envie de mourir puis faut savoir aider son prochain non ?

Elle réfléchit à toute vitesse à ses propos pour ne pas dire de bêtises.

- Puis c'est un des rares survivant donc on peut le considérer comme un citoyen même si c'est un animal tu ne crois pas ? Ce serait alors secourir une personne en danger... et ce serait plutôt chouette ! Mmm...

Ses yeux explorèrent la rue découvrant avec évidence un détail dont elle n'avait pas réalisé en regardant les cadavres.

- Il ne manque pas de nourriture de toute façon mais il est encore trop petit pour se débrouiller tout seul. Après il fera ce qu'il a envie comme tous les chats.

« Faut savoir aider son prochain, non ? »

- « Il paraît. C’est ce qu’on dit...»

« Ce serait alors secourir une personne en danger... et ce serait plutôt chouette ! Mmm... »

- « Mouais… Admettons. »

Il reprit son ton péremptoire, se penchant vers elle et ponctuant ses paroles d’un index menaçant :
- « Mais on doit y aller mollo sur la bouffe. Toutes les denrées sont précieuses maintenant. OKAY ? »

C’était pas une môme qui allait lui dicter la marche à suivre ! Pour lui, pas question de puiser dans des provisions durement acquises, même pour nourrir une bestiole en voie de disparition.
Sa propre survie restait une priorité. Dix ans qu’il n’avait qu’à veiller sur lui-même ! Qu’il était son seul maître et établissait ses propres règles.

Pas mécontent de sa bouffée d’autoritarisme, Wolf se redressa en évaluant son effet sur l’enfant. Puis il jeta pêle-mêle les trois sacs de nourriture dans le coffre du taxi. Comme pour mieux montrer qui commandait ici.
Néanmoins, Alice put remarquer qu’il prélevait un litre de lait pour le transférer à l’avant, dans la boîte à gants.
Enfin il l’invita à occuper la banquette arrière avec son nouveau compagnon. - Peu docile, d’ailleurs, le lascar ! Ils étaient faits pour s’entendre… - Le félin gigotait en tous sens, cherchant à échapper à la prise de fer de sa blonde admiratrice.

Wolf se mit à faire rugir le moteur, avec un malin plaisir. Si un fauve traînait dans les environs, il saurait qu’il avait de la concurrence…

Un regard oblique au jeune homme lui laissa supposer qu’il n’était pas encore prêt à sortir de son mutisme. Il paraissait toujours aussi accablé. Sans doute ne réalisait-il que trop bien le peu de chances qu’il avait, de retrouver les siens en vie. A un moment, pourtant, il devrait bien s’accorder le droit de pleurer.

Wolf démarra. A bien y repenser, les derniers propos de la fillette le laissaient perplexe. Pas tant les mots eux-mêmes, notez bien, ni l’intention, finalement assez pragmatique. Mais son regard… Quel regard ! Celui qu’elle avait lancé aux corps sans vie gisant sur le trottoir. Un regard dépourvu de toute considération humaine. Il n’y avait aucune horreur dans ses yeux. Et ce depuis le départ. Etrange pour quelqu’un qui prétendait se soucier de son prochain… Pour elle, ils n’étaient déjà plus que de la viande froide, des monceaux de pâtés pour chats, prêts à être dégustés par son joli minou.
Une froide détermination animait cet enfant. Maintenant, il en était certain.

Dans le rétroviseur, on pouvait apercevoir Alice épancher son humeur auprès du gros matou blanc. Elle grommelait des secrets prévisibles, maudissant vraisemblablement le « vieux pirate » pour ses rudes remontrances. Mais l’animal n’y prêtait guère attention. Il avait entreprit de lacérer les sièges de ses puissantes petites griffes.

Quelque part, attendant son heure, rôdait un plus gros chat… Beaucoup plus gros.

EDIT ADMIN : J'ai retiré Luka de ton post

Spoiler:

Cassie jouait avec le gros matou et ne prêta guère attention à Wolf. Elle riait et ça lui faisait du bien, au moins il n'avait pas refusés son chat et même si cela ne durerait probablement pas elle avait quelqu'un avec qui partager ses secrets.

- On va où au fait ?

Au zoo elle avait vu une fois des félins comme lui, enfin en beaucoup plus gros mais c'était l'endroit le plus évident pour retrouver sa maman. Elle s'en voulu de ne pas avoir demandé où ils allaient avant de prendre place. Au pire elle pourrait toujours lui demander de la déposer au passage... s'il voulait bien.

EDIT ADMIN : J'ai retiré Luka de ton post

EDIT ADMIN : Luka ne vous a pas suivit et va poster ici même son départ. Ne vous préoccupez pas de lui. Il part de son côté.

- « Plan A ? Ou on passe d’abord par la station service ? On pourrait y trouver plus de bouffe, pour nous tous - et pour la bagnole. On aura besoin d’un réchaud aussi. Et je sais qu’ils vendent au moins du gaz. »

‘De l’essence. Du gaz. De l’huile. Autant de sources d’énergie qui risquent de devenir rares.
Autant être parmi les premiers à mettre la main dessus.’

N’était-ce pas ainsi que les grandes puissances avaient bâti leurs empires ? En s’assurant le contrôle des matières premières… Ou était-ce encore une déformation de stratège au pied levé ?

- Et après ?

Cassie jouait toujours avec le félin mais Wolfy tenait tout de même une conversation plus intéressante, enfin quand il n'aboyait pas ou grognait des messes basses... Wolf en bête à bon dieu moderne... Cassie s'amusa de l'idée, il interprèterait parfaitement un révérend Carmody, plus adepte du pistolet que de l'hostie comme elle avait lu en cachette dans les BD de son père. A y réfléchir ce serait un look qui lui irait bien, elle devrait aussi s'occuper de sa garde robe à monsieur Wolfy, il avait l'air d'avoir des lacunes en la matière.

- Un magasin de vêtements ou le zoo ?

Luka était resté silencieux longtemps cette matinée là. Les seuls fois où durant la nuit il avait réussit à fermer les yeux, il avait vu leur visage. Mais lui revenait sans cesse ces images de chaos et de désolation. Depuis son réveil, tout n’avait été qu’un cauchemar, et il ne croyait plus qu’il pouvait encore se réveiller. Mais comme il fit ce qu’il faisait constamment : garder espoir pour ne pas tomber.

Ses compagnons de fortune s’installèrent dans l’habitacle de la voiture. Luka, lui, ne pouvait pas entrer dans le véhicule. Il se devait d'aller à leur recherche. Et ces objectifs différaient de ceux des autres, et il ne pouvait les obliger à le suivre. Luka se souvenait encore de la réaction qu'avait eue Alice quand il avait parlé de son intention de se rendre à l'hôpital. Il ne savait pas ce qu'elle avait contre les hôpitaux, mais il ne l'obligerait pas à le suivre. Wolf pouvait prendre soin d'elle. Vu les circonstances, d'autres émotions fortes n'étaient pas recommandés pour une si jeune enfant. Il fallait le faire, pour eux, pour lui.

Le jeune inspecteur s’approcha de la portière coté conducteur alors que les occupants de la voiture étaient en pleine discussion. Il posa une main sur l’épaule de Wolf qui faisait vrombir le moteur. Ce dernier se tourna avec un regard interrogateur.

Il doit surement se demander pourquoi je ne suis pas encore installé dans la voiture…

- Je …. dois aller …. Quelque part…

Luka ne voulais surtout pas faire mention de l’hôpital devant Alice. Mais il espérait que Wolf avait compris.

- Continuez vers la station service, moi je vais y aller de mon côté. On se retrouvera surement plus tard.

Puis il jeta un coup d’œil à Alice qui s’amusait avec son nouveau compagnon :

- Prend soin de lui surtout, dit-il en souriant. A plus tard

Elle la lui rappelait tellement. Elles avaient les mêmes yeux remplis d’étoiles… Raison de plus pour aller à leur recherche. Il mit son sac sur son épaule.

- « Le zoo ?!! Et tu veux pas faire un tour de manège avec une barbapapa aussi ? »

Il secoua la tête en soufflant, la bouche en coin.
‘Prendre les choses à la légère à ce point là, c’est carrément planer à 10 000. Par contre, c’est vrai qu’elle est fringuée en petit chaperon rouge ; ça pourrait lui porter tort…’
Il pouvait bien lui concéder ça.

- « Bon si on trouve une friperie là-bas, tu pourras te servir. A volonté. »

Quand Luka lui mit soudain une main sur l’épaule et annonça son départ. Une décision surprenante.
- « Hein ? … Ah... Comme tu veux. »

Wolf était tout disposé à l’accompagner comme convenu, mais puisqu’il semblait déterminé… Il devait préférer vivre ce moment seul. Un deuil ne pouvait pas vraiment se partager avec des étrangers. Et là, Wolf réalisa que son propre pessimisme était un obstacle involontaire à l’espoir compréhensible du jeune policier.
‘Puisse-t-il voir ses rêves exaucés. Et les miens… jamais !’
Il lui adressa son esquisse de sourire ironique.

- « Si t’as besoin, tu sais où me trouver. T’as mon numéro. » - Il désigna son sac, contenant l’autre talkie-walkie. Et avec un clin d’œil :
- « Bonne chance, flicard. »

Cette fois, Wolf démarra pour de bon, abandonnant l’inspecteur à son destin. Seul sur l’asphalte. Juste une silhouette disparaissant dans le rétroviseur.

Cassie salua Luka de l'arrière de la voiture avant que le minou ne se rappel à elle en lui piquant la cuisse de ses griffes. Elle était plus soulagée que triste de le voir partir, elle était persuadée qu'il allait à l'hôpital et même si elle l'aimait bien ce n'était pas suffisant pour qu'elle y mette les pieds pour ses beaux yeux.

Elle n'embêta pas Wolf pendant un moment, il avait décidé de l'emploi du temps et il ne restait qu'à attendre en jouant avec la boule de poil. Puis un souvenir de la nuit dernière lui revint en tête, ce n'était peut-être rien mais elle était curieuse. Elle passa sa tête entre les deux sièges avant pour dévisager le vieux loup.

- Pourquoi on t'a arrêté ?

Luka regarda Alice le saluer à travers la vitre avant d'être rappeller par wolf.
[ « Si t’as besoin, tu sais où me trouver. T’as mon numéro. »]
Le jeune homme sortit son talkie de son sac pour le montrer à wolf.

[- « Bonne chance, flicard. »]

Luka sourit tout en répondant : "bonne chance à vous". Il jeta un dernier regard à Alice avant que la voiture ne parte en trombe, disparaissant sur l'horizon chaotique.

Avait-il fait le bon choix? Luka ne le savait pas. Mais son coeur lui disait que c'était l'unique chose à faire. Maintenant seul en pleine ville, décor de film d'horreur. Une simple brise lui glacait le corps. Un silence de mort pesait maintenant autour de lui et chaque son qui le brisait le faisait sursauter. Son regard sautait d'un détail à un autre avec une grande vitesse.

Reprend toi

Quelques mots qui le ramenèrent dur terre. Son sac sur le dos, une main sur son glock fétiche et il se lanca à travers les rues.

Bon, le chemin le plus court pour rejoindre l'hospital, c'est le commissariat, puis le centre ville. J'espère qu'il aura meilleur mine qu'hier. En passant je ferais une halte au commissariat voir si des survivants auraient eu dans l'idée de chercher du secour chez les forces de l'ordre, même si ces forces ont été quasi éradiqué...

Luka : 2 octobre - 13h30h [vers le commissariat]

- Pourquoi on t'a arrêté ?

‘Ah. Curiosité, quand tu nous tiens.’

- « Bonne question. C’est aussi celle que je me posais quand c’est arrivé…
Et puis la machine à café s’est invitée dans mon bungalow. Pour un autographe et… plus si affinité. Dommage que je me sois endormi si vite ! »

Il avait supposé qu’elle parlait de son arrestation la plus récente. Comment aurait-elle pu connaître ses lourds antécédents ? Il poursuivit presque pour lui-même, en mâchant un peu les mots.

- « Et maintenant, va trouver quelqu’un au courant. Même le commissaire a fini les tripes à l’air. Alors à moins de faire parler les morts…
Mais vu les forces mobilisées pour me chopper, ça risquait pas d’être une erreur. Ils ont mis le paquet, ces bâtards ! On les appelle pas les cognes pour rien. Quoique… j’suis même pas sur que c’étaient des flics en fait. Difficile de distinguer un groupe d’intervention d’un autre quand ils te tombent dessus à 30 ! Tu penses plutôt à rendre les coups qu’à leur demander une carte de visite. Vu qu’ils portaient pas d’écusson… Ou je m’en souviens plus. Bizarre d’ailleurs...
C’est un peu flou. Comme la fois où j’ai descendu deux bouteilles de tequila… C’était dans la jungle colombienne. Un pari idiot avec les guerrilleros. On a joué à qui tombera le premier ; tout ça pour savoir où étaient des otages. Le lendemain j’avais oublié les infos qu’ils avaient lâchées dans la nuit ; et de toute façon, les politiques avaient changé d’avis entre temps… Je crois que les otages attendent encore… »

Il secoua de nouveau la tête, signifiant son dégoût de ce genre de magouilles, de ces revirements opportunistes propres à la classe dirigeante. Il n’y avait rien de plus nauséabond à ses yeux que ces véritables sacrifices humains, dont les politiques ne se rendaient que trop souvent coupables, pour un sondage, pour un contrat, pour mieux caresser dans le sens du poil un odieux dictateur.
Et le pire, c’est que parfois ce dictateur était l’opinion elle-même…
‘Bêtise suicidaire de nos soit disant démocraties !’

Il avait toujours pensé que ses opinions étaient un motif suffisant d’élimination, pour un pouvoir manipulateur et corrompu. Un tigre de papier qu’il aurait bien vu flamber !
Wolf ne sembla réaliser qu’à cet instant qu’il s’adressait à une gamine de dix ans. Cette fois, il lui parla directement
- « Mais au fait, comment tu sais ça, toi ? »

Les adultes posaient toujours ce genre de questions idiotes aux enfants un peu plus éveillés que les autres. Les supposant d’emblée ignares. Par principe.
Il faut dire que traiter Luka de ''flicard'' avait pu la mettre sur la piste. Mais si ça laissait supposer que Wolf n’était pas policier, cela n’indiquait en rien qu’il avait été arrêté.
D’où diable avait-elle tiré cette idée ?

- Heu... comme ça... intuition féminine.

Cassie ne voulut pas lui dire tout de suite ce qui lui avait motivé cette question même si cela la démangeait fortement. Elle devait le tenir secret au moins le temps de lui poser d'autres questions et vérifier si c'était juste un coup de chance ou si indications durant la nuit d'une lutine marchande de sable s'avéraient justes.

En tout cas c'était vraiment pratique d'être une femme, avec maman et ses copines elle disposait de tout un tas d'excuses toutes faites pour tromper les garçons, non jamais elle aurait voulu changer de sexe, jamais, c'était bien trop pratique.

- Et tu t'es déjà trouvé dans une situation très inconfortable ? Je veux dire vraiment comme... attaché à un poteau avec des vilains messieurs en face ou sur une table d'opération à te faire triturer sans pouvoir rien y faire par des hommes en blancs ?

Les yeux de Cassie s'arrondir de curiosité et d'impatience, elle scrutait Wolf comme si elle le voyait pour la première fois, elle en avait même oublié temporairement l'animal qui grognait en remuant sur la banquette à la fois content et déçu de ne plus être le centre de l'attention.

‘Intuition féminine… Ben voyons. Prends-moi pour une buse !’

‘Attaché à un poteau avec des vilains messieurs en face ?’ Ca lui rappela une de ses mésaventures, en 96 au Libéria. Les bureaux de l’ONU à Monrovia avaient été pillés, et les domiciles du personnel mis à sac. Blixen et son équipe avaient été envoyés sur place pour négocier leur extraction. Manque de bol, une faction rebelle ne l’entendait pas de cette oreille. Il avait bien failli être passé par les armes, avant que les jeunes combattants ne réalisent que s’en prendre aux forces occidentales revenait à signer leur perte. Un porte-avion au large n’attendait qu’une telle provocation pour envoyer ses chasseurs bombarder les colonnes du chef de guerre mutin.

Quand Alice parla de table d’opération et d’hommes en blanc, Wolf se figea tout net !
Il pila sur le frein et se tourna vers elle. Les yeux dans les yeux, pour ainsi dire.
Des images de la nuit venaient de réapparaître. Soudainement. Jusque là, elles affleuraient aux limites de la conscience, masquées par les soucis du jour et le refus d’une telle éventualité.

Oui. Il avait bien rêvé. De bourreaux médecins, de Mengele en blouse blanche, et de leurs expériences interdites… Un sentiment de révolte et d’impuissance mêlées. Typiquement le genre de cauchemar qu’on essaye d’oublier – sans pouvoir y parvenir. Et cette impression étrange d’être observé, analysé, comme disséqué, par un tas de visages à la mine compassée.
Et parmi eux, nue sur une table d’autopsie, la petite Alice, curieuse et intriguée, assise à même le métal glacé…
Une vision qu’il avait vainement tenté de refouler. Elle se précisait, mais les éléments épars de ce rêve restaient encore vagues et insaisissables. Une chose était sûre ; la fillette était là !

Rien de bouleversant à ce qu’il ait rêvé d’elle cette nuit, après ce qu’ils avaient traversé ensemble. Par contre, Wolf n’aimait pas trop les coïncidences. Surtout lorsqu’elles concernaient sa vie la plus intime – ses pensées. Et là, la question de la jeune fille confinait à la médiumnie…
Il la regarda d’un œil nouveau, quoique toujours un peu soupçonneux :

- « Euh… Pourquoi tu me demandes ça ? Toi, ça t’es déjà arrivé ? »

Cassie vola cul par dessus tête entre les fauteuils au coup de frein de Wolf et manqua de justesse de se ramasser le tableau de bord en pleine figure. L'image de son père la rappelant à l'ordre d'attacher sa ceinture lui revint en mémoire... elle comprenait vraiment pourquoi maintenant.

Elle tourna son visage vers Wolf qu'elle surpris entrain de la regarder, devant la posture inconfortable elle rougit jusqu'aux oreilles, honteuse comme pas deux mais il ne sembla pas s'en formaliser pour poser une question à laquelle elle se pressa de répondre pour détourner l'attention le temps qu'elle reprenne un minimum de dignité en refaisant sa mise.

- Oui, heu... Non, mais je l'ai vu...

Cassie se mordit les lèvres, le "oui" avait été bien trop franc et prompt à sortir. Elle devait noyer le poisson... ou le loup.

- En rêve cette nuit, je t'ai vu dans des scènes inconfortables, c'était tout décousu mais je ne pensai pas que c'était vrai.

- « Moi non plus... Je veux dire – je ne pense pas que ce soit vrai. C’est qu’un rêve après tout. »

Il disait ça un peu pour s’en convaincre lui-même ; pas encore prêt à accepter tout ce que ça sous-entendait.
Il marqua un temps d’arrêt. Considérant les implications de cette nouvelle.
Quelle était la probabilité d’avoir fait des rêves identiques ?
Encore, s’ils avaient vu les ruines d’Epsilon, ou Luka en gros Bunny… Okay. Mais là…

- « Il faudra vraiment que tu me le racontes, ce rêve… Tu peux t’allonger, si tu veux. Je ferai ‘Hmm Hmm’ en griffonnant mon carnet et te taperai de 500 balles à la fin ! »

Saurait-elle seulement à quoi il faisait allusion ? Peut-être bien…
Mais d’abord il fallait quitter ce quartier. Plus rien ne les retenait ici.
Et pour détendre une atmosphère qui s’était tout à coup teintée d’étrange :

- « T’as vu ? Tigrou a encore fait fuir Coco Lapin ! »

Réminiscence d’émissions enfantines aperçues à la télé. - Ben quoi ? Un vieux guerrier avait bien le droit de jeter un œil à Winnie l’ourson… entre deux Chuck Norris !

Cassie se renfrogna lorsqu'il insinua vouloir jouer au docteur mais se détendit à sa blague exécrable. Elle lui fit repenser à Luka, tout seul à parcourir la ville...

- Tu crois qu'on reverra Luka ?

Elle n'était pas vraiment sûr que se séparer soit la meilleur solution, elle comprenait bien les priorités de chacun, elle en avait elle-même mais bien que ce soit amusant d'avoir la ville pour soit ça ne l'était plus vraiment sur le long terme.

A sa moue, Wolf se dit que cette fille avait décidément un problème avec la médecine en général. Manifestement, elle n’aimait ni les hôpitaux, ni les psys.
S’interroger sur le devenir de l’inspecteur Ever lui redonna un peu d’humanité ; un signe rassurant de compassion.

- « Sais pas. Peut-être. Il n’en tient qu’à lui... Il est pas bavard, le bougre. Il avait pas l’air très à l’aise... Mais faut le comprendre. Il a sûrement perdu des gens qu’il aime… Pas toi ? »

Il la regarda avec insistance. Un peu déconcerté par l’insouciance qu’elle montrait depuis la veille. Ou n’avait-elle pas réalisé qu’elle ne reverrait plus ses parents adoptifs ? Ni sa meilleure amie…

Wolf redémarra, empruntant à vitesse lente les chemins qui menaient hors du faubourg.
Ils devaient poursuivre leur route.

Il avait d’autres chats à fouetter…



13H30 – [ Vers la Station Service ]